"On dénombre neuf morts", sept à N'Djamena, deux autres à Moundou, dans le sud du Tchad, "ainsi que 36 blessés avec une dizaine d'arrestations", déplore la Convention tchadienne de défense des droits de l'homme.
L'ONG "dénonce et condamne ce massacre éhonté après un usage disproportionné d'armes de guerre contre des manifestants à mains nues".
"Un dialogue national inclusif"
Le général Mahamat Idriss Déby, qui dirige la junte militaire au pouvoir au Tchad depuis la mort de son père Idriss Déby Itno, a promis mardi dans un discours télévisé d'organiser "un dialogue national inclusif" dans une période de transition de 18 mois.
>> Lire aussi : Doté de larges pouvoirs, le fils d'Idriss Déby a pris la présidence du Tchad
"Le Tchad continuera à tenir son rang et à assumer ses responsabilités dans la lutte contre le terrorisme et respectera tous ses engagements internationaux", a également déclaré le nouveau "président de la République" du Tchad, pays stratégique dans la lutte contre les djihadistes dans le Sahel.
Manifestations interdites
Le fils du défunt président n'a pas évoqué une seule fois les manifestations dans cette déclaration. Comme le faisait systématiquement son père le maréchal Déby, il avait interdit les manifestations de mardi à l'appel de l'opposition et de la société civile qui dénoncent un "coup d'Etat institutionnel" et une "succession dynastique" au pouvoir.
Des groupes de dizaines de personnes s'étaient rassemblés dans différents endroits de la capitale au cours de la matinée, cherchant à éviter des policiers omniprésents qui les dispersaient à coup de grenades lacrymogènes, selon des témoins. Le calme était toutefois revenu en fin de matinée après ces échauffourées.
fgn avec les agences
Paris condamne la répression
Le président français Emmanuel Macron a "condamné avec la plus grande fermeté la répression" et appelé à "une transition pacifique, démocratique et inclusive".
Il était le seul chef d'Etat occidental à avoir assisté vendredi dernier à N'Djamena aux obsèques d'Idriss Déby Itno, apportant à son fils, qui lui avait immédiatement succédé, le "soutien de la France" et des pays du Sahel au "processus de transition civilo-militaire".
La France considère le Tchad comme son principal allié militaire dans la lutte contre les djihadistes dans la région.
12 militaires tués par les djihadistes
Au moins 12 militaires et 40 assaillants ont été tués mardi au Tchad dans des combats consécutifs à l'attaque d'une position de l'armée par des djihadistes dans la région du lac Tchad, ont indiqué les autorités locales.
Le lac Tchad est une vaste étendue d'eau et de marécages parsemée d'îlots habités dans l'Ouest, dont certains sont des repaires du groupe nigérian Boko Haram ou de sa branche dissidente, l'Etat islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap, selon l'acronyme en anglais). Les autorités tchadiennes appellent indifféremment "Boko Haram" ces deux groupes, qui y attaquent régulièrement l'armée et les civils.
Les combats se sont déroulés à l'aube entre les localités de Ngouboua et Kaïga, à une centaine de kilomètres au nord de N'Djamena, dans cette région du lac Tchad aux confins du Nigeria, du Niger, du Cameroun et du Tchad, et où Boko Haram et l'Iswap s'en prennent régulièrement aux quatre pays.