La décision de transmettre à la justice ces dix noms, sur "des demandes italiennes qui portaient à l'origine sur 200 individus", a été prise par le président Emmanuel Macron et "s'inscrit strictement" dans la doctrine française dite "Mitterrand" du nom de l'ancien président socialiste, d'accorder l'asile aux ex-brigadistes sauf pour les crimes de sang, a indiqué la présidence française.
Les cinq hommes et les deux femmes avaient été condamnés en Italie pour des actes de terrorisme, notamment des assassinats, commis dans les années 1970-80.
Une demande de Rome depuis des années
L'extradition d'activistes d'extrême-gauche venus se réfugier en France après les "années de plomb", marquées par des attentats et des violences des Brigades rouges surtout entre 1968 et 1982, est une demande de l'Italie depuis des années, à laquelle la France n'avait quasiment jamais accédé.
L'établissement de cette liste de dix noms est le fruit "d'un important travail préparatoire bilatéral, de plusieurs mois, qui a conduit à retenir les crimes les plus graves", a souligné l'Elysée.
"Le président a souhaité régler ce sujet, comme l'Italie le demandait depuis des années (...). La France, elle-même touchée par le terrorisme, comprend l'absolu besoin de justice des victimes. Elle s'inscrit également, à travers cette transmission, dans l'impérieuse nécessité de la construction d'une Europe de la Justice, dans laquelle la confiance mutuelle doit être au centre", a écrit la présidence.
Extradition en mains de la justice
Les ex-brigadistes arrêtés doivent être présentés d'ici 48 heures devant le parquet général de la cour d'appel de Paris, avant qu'un juge ne statue sur leur éventuelle détention ou leur remise en liberté sous contrôle judiciaire, le temps de l'examen par la justice des demandes d'extraditions italiennes.
L'avocate de cinq des sept personnes arrêtées a dénoncé cette opération comme une "trahison innommable" de la France. "Je suis indignée et je n'ai pas les mots pour décrire cette opération qui s'apparente à une mini-rafle", a déclaré à l'AFP Me Irène Terrel.
afp/oang
"On ne peut pas fuir ses responsabilités"
Le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio a salué cette arrestation de sept ex-membres des Brigades rouges grâce à "la collaboration des autorités françaises et italiennes",.
"On ne peut pas fuir ses propres responsabilités, la douleur qu'on a causée, le mal qu'on a provoqué", a écrit le ministre dans un message sur Facebook, se félicitant d'"une opération impressionnante marquée par la collaboration des autorités françaises et italiennes, avec l'implication de l'expert en sécurité de notre ambassade à Paris".
L'affaire Cesare Battisti
Ce dossier des anciens brigadistes italiens avait resurgi au moment du retour en Italie de Cesare Battisti, capturé en janvier 2019 en Bolivie et extradé après près de 40 ans de cavale en France puis au Brésil.
Le ministre italien de l'Intérieur de l'époque, Matteo Salvini, avait alors affirmé que la France abritait depuis des décennies des "assassins ayant tué des innocents" et réclamé le retour en Italie d'"une quinzaine" de "terroristes italiens", "qui ont été condamnés mais ont la belle vie en France".
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