Publié

Face à la flambée des cas de Covid-19, l'Inde manque d'oxygène

L'Inde est submergée par la nouvelle vague de coronavirus. Les hôpitaux souffrent notamment d'une pénurie d'oxygène
L'Inde est submergée par la nouvelle vague de coronavirus. Les hôpitaux souffrent notamment d'une pénurie d'oxygène / 19h30 / 2 min. / le 28 avril 2021
Face aux insuffisances respiratoires provoquées par le coronavirus, les files d'attente de patients en détresse s'allongent en Inde et dans d'autres pays en développement pour tenter d'obtenir de l'oxygène médical, dont la disponibilité industrielle est loin d'être suffisante partout dans le monde.

Bien qu'il soit vital pour un traitement efficace des patients Covid-19 hospitalisés ou à domicile, l'accès à l'oxygène, relativement facile en Europe et en Amérique du Nord, est limité dans ces pays en raison du coût, des infrastructures limitées et des obstacles logistiques, explique Unitaid, l'organisation internationale hébergée par l'OMS, chargée de centraliser les achats de traitements.

En février, l'OMS estimait que plus d'un demi-million de personnes avaient besoin de 1,2 million de bouteilles d'oxygène par jour dans les pays dits "à faible revenu ou à revenu intermédiaire", notamment en Amérique latine et en Afrique, mais aussi en Inde.

>> Lire aussi : Alors que le variant indien se propage sur la planète, l'Inde dépasse les 200'000 décès – Le suivi du Covid-19 dans le monde

Unitaid estime ses besoins à 1,6 milliard de dollars pour l'achat de bouteilles pour les pays les plus pauvres cette année. Selon l'organisation, les principaux défis portent sur une vingtaine de pays, dont le Malawi, le Nigeria et l'Afghanistan.

Transport difficile

Hors Chine, les trois premiers fournisseurs mondiaux d'oxygène médical sont: l'allemand Linde allié au groupe américain Praxair, le français Air Liquide et l'américain Air Products.

Mais l'oxygène médical est surtout produit par énormément d'acteurs locaux et régionaux, car l'un de ses principaux problèmes est qu'il est difficilement transportable sur de longues distances.

Raison pour laquelle d'ailleurs il est plus disponible dans les pays industrialisés: les unités de production ont été construites pour alimenter aussi d'autres secteurs que la santé, comme la sidérurgie et la chimie.

En Inde, des avions cargo de l'armée de l'air ont commencé à livrer la semaine dernière de gros camions-citernes d'oxygène là où il manquait. Un premier train "Oxygen Express" a été mis en service le 22 avril. La situation sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 ne cesse de se détériorer depuis plusieurs jours dans ce pays qui a enregistré un total de 18 millions de contaminations, avec 360'000 nouveaux cas recensés sur les dernières 24 heures.

Le nombre de morts du coronavirus a dépassé le même jour les 200'000, avec plus de 3000 décès signalés en 24 heures pour la première fois, selon les données officielles.

>> Relire : Variant indien et flambée des cas à New Delhi, l'épidémie est hors de contrôle

Deux grands types de production d'oxygène

Des bouteilles d'oxygène entreposées dans un hôpital de Srinagar, au Cachemire sous contrôle indien, le 25 avril 2021. [Keystone - AP Photo/Mukhtar Khan]
Des bouteilles d'oxygène entreposées dans un hôpital de Srinagar, au Cachemire sous contrôle indien, le 25 avril 2021. [Keystone - AP Photo/Mukhtar Khan]

- Oxygène médical: on peut l'obtenir en séparant les gaz contenus dans l'air. Celui-ci est composé à 78% d'azote, 21% d'oxygène et 1% de petites molécules type argon ou hélium.

On isole l'02 (oxygène) de l'air après des étapes de compression, filtration et purification. Il est ensuite soumis à des règles strictes d'analyse et de traçabilité garanties par un pharmacien.

Concentré à plus de 99,5%, c'est un médicament. On le transporte sous forme condensée, soit liquide en vrac, dans de grands containers ou citernes avec parois isolantes, permettant de maintenir sa température en dessous de -182°C; soit sous forme gazeuse dans des bouteilles contenant de plus petits volumes.

"La livraison d'oxygène liquide est celle qui permet de répondre à des besoins et des variations de la demande les plus importants", explique Régis d'Hérouville, directeur général d'Air Liquide Santé France, filiale du groupe français de gaz industriels.

- Oxygène produit par concentrateur: c'est un oxygène concentré à 93% en général. Ce sont des équipements électriques portatifs qui extraient et purifient l'oxygène de l'air ambiant en temps réel, ou des unités de production plus conséquentes permettant d'alimenter de grandes entités comme des hôpitaux.

"En l'absence d'infrastructures de production d'oxygène liquide, les concentrateurs sont utiles. Mais ils sont dimensionnés pour un besoin donné, ce qui leur permet difficilement de répondre à une augmentation de consommation subite et rapide d'oxygène multipliée par cinq, voire par six, comme on l'a vu dans certains hôpitaux français pendant la crise du Covid-19. En outre, ils sont très consommateurs d'énergie, avec des coûts de maintenance élevés", fait valoir Régis d'Hérouville.

agences/cab

Publié

Aide de la Suisse et d'autres pays

La Suisse va livrer ces prochains jours à l'Inde plusieurs centaines de concentrateurs d’oxygène ainsi que des respirateurs. Un million de francs est prévu pour cette assistance. Le matériel sera acheminé dans la capitale New Delhi, particulièrement touchée par la crise actuelle.

Le ministère indien de la Défense a aussi annoncé importer d'Allemagne 23 unités mobiles de production d'oxygène.

La France a envoyé quant à elle huit unités de production d'oxygène et des containers d'oxygène liquéfié permettant d'alimenter jusqu'à 10'000 patients sur une journée. Au total, l'équivalent d'environ 200 tonnes d'oxygène liquide sera livré par la France aux hôpitaux indiens.

>> Ecouter La Matinale de la RTS revenir jeudi sur les aides de la Suisse à l'Inde :

La Suisse va livrer des respirateurs à l'Inde. [Keystone/EPA - Piyal Adhikary]Keystone/EPA - Piyal Adhikary
La Confédération a décidé de renforcer son aide aux Etats dans le besoin en raison de l'épidémie de Covid-19 / La Matinale / 2 min. / le 29 avril 2021