A la veille du cap symbolique des 100 jours, le locataire de la Maison Blanche déclinera son "Projet pour les familles américaines", d'un montant total de près de 2000 milliards de dollars.
Le plan, qui suscité déjà la colère des républicains, est ambitieux: 1000 milliards d'investissements, en particulier dans l'éducation, et 800 milliards de réductions d'impôts pour la classe moyenne.
Pour le financer, le démocrate proposera d'annuler les baisses d'impôts pour les plus riches votées sous Donald Trump, et d'augmenter les impôts sur les revenus du capital pour les 0,3% d'Américains les plus fortunés.
Avec une promesse martelée sur tous les tons: aucun Américain gagnant moins de 400'000 dollars par an ne verra ses impôts augmenter.
Un âpre combat à venir
Cette allocution marquera aussi le début d'un âpre combat au Congrès: si son plan de soutien à l'économie de 1900 milliards de dollars a franchi l'obstacle sans véritable difficulté, les discussions sur ses gigantesques plans d'investissement dans les infrastructures et l'éducation s'annoncent beaucoup plus houleuses.
"Le président Biden s'est présenté en campagne comme un modéré, mais j'ai du mal à trouver jusqu'ici la moindre décision qui démontre un sens de la modération", a ironisé mardi le sénateur républicain Mitch McConnell.
Dans un éditorial au vitriol, le Wall Street Journal déplore de son côté que Joe Biden, qui a eu de "la chance", à la fois sur les vaccins et sur la reprise économique, n'en profite pas pour "rassembler le pays".
Évoquant des hausses d'impôts sans précédent depuis 1968 et un niveau de dépenses "jamais vu depuis les années 60", le quotidien regrette qu'il ait décidé de gouverner "comme Bernie Sanders".
La vaccination comme argument
A la tribune, le président démocrate devrait vanter les "progrès extraordinaires", selon ses termes, réalisés aux Etats-Unis ces derniers mois face au Covid-19 avec en particulier la fulgurante accélération du rythme de vaccination.
Plus de 96 millions de personnes, soit près de 30% de la population, sont considérées comme totalement vaccinées. Et, dans une décision chargée en symboles, les autorités sanitaires ont annoncé mardi que les Américains ayant reçu les piqûres salvatrices n'avaient désormais plus besoin de porter de masque en extérieur, sauf au milieu d'une foule.
"Le président travaille sur ce discours depuis plusieurs semaines", a souligné Jen Psaki, porte-parole de la Maison Blanche, qui a promis un volet diplomatie.
"Il rappellera notre détermination à nous impliquer de nouveau pleinement dans les affaires du monde", a-t-elle ajouté, évoquant en particulier les relations avec la Chine.
afp/jfe
Ruptures avec la tradition
Si le discours présidentiel sur la colline du Capitole est un rituel qui rythme la vie politique américaine, celui de cette année, prévu à 21h00, se déroulera dans une atmosphère singulière, Covid-19 oblige.
Seules quelque 200 personnes, contre plus de 1600 habituellement, se retrouveront dans la prestigieuse enceinte de la Chambre des représentants pour y assister. Et les élus ont été priés cette année de présenter une liste d'invités "virtuels"...
John Roberts sera le seul juge de la Cour suprême présent. Le chef de la diplomatie, Antony Blinken, et le chef du Pentagone, Lloyd Austin, seront également sur place mais le reste du gouvernement regardera le discours à la télévision.
Autre rupture avec la tradition: il ne sera pas nécessaire cette année de choisir un "designated survivor", un membre du gouvernement désigné chaque année pour ne pas assister au discours et qui reste dans un endroit tenu secret afin d'être en mesure de prendre les rênes du pouvoir en cas d'attaque visant le bâtiment.
Pour la première fois dans l'histoire, deux femmes seront assises derrière le président, dans le champ des caméras: Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre, et Kamala Harris, devenue en janvier la première femme à accéder à la vice-présidence.