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Les troupes de l'Otan ont entamé leur retrait progressif d'Afghanistan

Le retrait des troupes de l'Otan s'effectue sous haute surveillance (image d'illustration). [AP/Keystone - David Goldman]
L'Otan a entamé son retrait d'Afghanistan après 20 ans de présence / La Matinale / 1 min. / le 30 avril 2021
Alors que le pays est toujours en proie aux violences, l'Otan a commencé jeudi le retrait de ses troupes basées en Afghanistan. Toutes les mesures ont été prises pour assurer la sécurité des contingents, assure l'organisation.

"Le retrait a commencé. Il s'agira d'un processus ordonné, coordonné et délibéré. La sécurité de nos troupes sera une priorité absolue à chaque étape du processus et nous prenons toutes les mesures nécessaires pour mettre notre personnel à l'abri", a annoncé un responsable de l'Alliance.

Il n'a toutefois pas précisé le nombre de soldats ni les échéances pour chacun des pays engagés, pour des raisons de sécurité. "Toute attaque des talibans au cours du retrait fera l'objet d'une réponse énergique", a-t-il assuré. "Nous prévoyons que notre retrait sera achevé d'ici à quelques mois".

La date symbolique du 11 septembre

La Maison Blanche, pour sa part, a précisé que le début du retrait américain s'accompagnait d'une augmentation provisoire des déploiements en Afghanistan et aux alentours pour assurer "un retrait sûr et délibéré".

Les Alliés avaient décidé à mi-avril de commencer le retrait de leurs contingents d'ici au 1er mai. Le président américain Joe Biden a estimé que l'objectif de la mission avait été "rempli" et a prévu la fin du retrait des troupes américaines pour le 11 septembre, une date symbole, car les Américains et l'Otan sont intervenus contre Al-Qaïda dans ce pays après les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.

Joe Biden a ainsi repoussé de cinq mois la date butoir du 1er mai prévue pour ce retrait total dans l'accord historique conclu en février 2020 par son prédécesseur Donald Trump avec les talibans.

Le spectre d'un retour en force des talibans

La population afghane, elle, est partagée entre soulagement et peur de voir les talibans reprendre le contrôle du pays, comme le montre le reportage de la correspondante de la RTS à Kaboul Sonia Ghezali, diffusé vendredi dans La Matinale.

Dans un village de la province de Kandahar, repassé sous le contrôle gouvernemental depuis quinze jours après avoir été aux mains des talibans pendant six mois, les habitants sont déçus par les Américains. "Ils ont passé vingt ans ici, ils n’ont pas construit un seul barrage d’eau, pas un pont, pas une route", se désole l'un d'entre eux.

Le commandant Karimi, qui coordonne les opérations de l'armée afghane dans la zone, refuse de céder à la panique face au départ des forces étrangères. Mais il est lucide: "Nous pouvons nous débrouiller seuls, mais il nous faudra des armes, des équipements, un soutien logistique", souligne-t-il.

Les talibans contrôleraient plus de la moitié du territoire afghan et sont beaucoup plus nombreux qu’il y a dix ans, reconnaissent certains généraux américains. Ils multiplient les attaques meurtrières contre des policiers et des militaires afghans depuis l'annonce de la fin de la mission de l'Otan.

oang avec afp

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Le contingent de la mission "Resolute Support"

Les pays les plus engagés en Afghanistan sont les Etats-Unis (2500 militaires), l'Allemagne (1300), l'Italie (895), le Royaume-Uni (750) et la Turquie (600).

Ces cinq pays ont déployé à eux seuls 6000 des 9592 militaires engagés par 36 pays membres de l'Otan et partenaires dans l'opération Resolute Support.

Les Américains sont basés à Kandahar (sud) et Laghman (est), les Allemands à Mazar-e-Sharif (nord), les Italiens à Herat (sud-ouest) et les Turcs à Kaboul.

La mission "Resolute Support" était une mission de formation des forces afghanes afin de leur permettre d'assurer la sécurité de leur pays après le départ des forces étrangères.