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Les bureaux régionaux de Navalny classés "extrémistes et terroristes"

Les organisations d'Alexeï Navalny, opposant au Kremlin, ont été classées "terroristes et extrémistes"
Les organisations d'Alexeï Navalny, opposant au Kremlin, ont été classées "terroristes et extrémistes" / 19h30 / 1 min. / le 30 avril 2021
Le réseau de bureaux régionaux de l'opposant russe emprisonné Alexeï Navalny a été ajouté vendredi à la liste des organisations "extrémistes et terroristes" en Russie, une nouvelle étape vers la liquidation totale de son mouvement.

Le service russe des renseignements financiers, Rosfinmonitoring, a indiqué avoir mis à jour sa liste d'organisations et de personnes participant "à des activités extrémistes ou terroristes". Parmi elles figurent désormais les bureaux d'Alexeï Navalny.

>> Plus d'informations : La justice russe suspend les activités des organisations liées à Alexeï Navalny

Cette liste compte également des centaines d'organisations et de personnalités russes et étrangères, notamment les groupes djihadistes Al-Qaïda et Etat islamique. Elle se base sur une loi "contre le blanchiment d'argent obtenu illégalement et le financement du terrorisme".

L'annonce intervient alors que la justice russe examine actuellement une demande du parquet pour que le réseau de bureaux régionaux et le Fonds de lutte contre la corruption (FBK) de l'opposant soient reconnus comme "extrémistes".

Rosfinmonitoring n'a pas indiqué si cet ajout était lié aux procès en cours. Si la demande du parquet était acceptée, les activités des organisations de la bête noire du Kremlin seraient interdites et leurs membres ou leurs sympathisants menacés de longues peines de prison.

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Dissolution

Ivan Pavlov, avocat défenseur des structures régionales d'Alexeï Navalny. [Keystone - Alexander Zemlianichenko]
Ivan Pavlov, avocat défenseur des structures régionales d'Alexeï Navalny. [Keystone - Alexander Zemlianichenko]

Face à cette menace, les 37 bureaux régionaux concernés ont annoncé jeudi leur auto-dissolution. Un tribunal leur a déjà interdit cette semaine pratiquement toute activité, comme publier des contenus sur internet, organiser des manifestations et participer aux élections.

Parallèlement, un avocat réputé défendant le FBK et les structures régionales de Alexeï Navalny dans ce dossier, Ivan Pavlov, a été interpellé vendredi à Moscou.

Selon son équipe, il a été inculpé pour avoir diffusé des "informations d'une enquête préliminaire" dans le cadre d'une autre affaire. Un délit passible de trois mois de prison. Il avait annoncé il y a seulement quatre jours qu'il allait se charger de la défense des structures d'Alexeï Navalny.

Décision du tribunal "déjà connue"

Sur la messagerie Telegram, l'équipe d'Alexeï Navalny a dénoncé la décision de Rosfinmonitoring en soulignant qu'elle intervenait avant même que la justice russe ne se soit prononcée officiellement sur l'affaire.

"A quoi bon attendre? Car la décision du 'tribunal' est connue à l'avance. A savoir que se battre dans la Russie poutinienne contre la corruption, c'est de 'l'extrémisme'", a raillé Oleg Stepanov, ex-directeur du bureau moscovite d'Alexeï Navalny. "Ils n'essayent même pas de faire semblant que ce soit légal", a-t-il ajouté sur son compte Telegram.

Collaborateurs de Navalny sous pression

Alexeï Navalny, 44 ans, est en prison depuis mi-janvier. Il avait été arrêté à son retour d'Allemagne où il avait passé près de cinq mois en convalescence pour se remettre d'un empoisonnement dont il accuse le Kremlin.

Depuis son retour, les autorités ont intensifié les pressions sur ses soutiens. Quasiment tous ses collaborateurs ont été assignés à résidence ou condamnés à de courtes peines de prison. Plusieurs ont quitté la Russie.

L'un d'entre eux, Andreï Borovikov, a été condamné jeudi à deux ans et demi de prison sous prétexte d'avoir diffusé de la "pornographie" en partageant sur internet un clip du groupe de métal allemand Rammstein.

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ats/jfe

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Des enquêtes retentissantes

Fondé en 2011 par l'avocat et militant devenu bête noire du Kremlin, le FBK est connu pour ses enquêtes dénonçant la corruption des cercles du pouvoir russe.

La plus retentissante, parue en janvier, accusait le président Vladimir Poutine de s'être fait construire un palais sur la mer Noire. Vue 116 millions de fois sur YouTube, elle avait contraint Vladimir Poutine à démentir personnellement.

Les bureaux d'Alexeï Navalny diffusent également leurs propres enquêtes, mais organisent surtout les campagnes de "vote intelligent", consistant à inciter à soutenir le candidat ayant le plus de chances de battre celui du Kremlin, quelle que soit sa couleur politique.

>> Lire aussi : La vidéo compromettante d'Alexeï Navalny sur le "palais" de Vladimir Poutine

Tension avec l'UE, responsables sanctionnés

La Russie a annoncé vendredi des sanctions contre huit hauts responsables de l'Union européenne, dont le président du Parlement européen David Maria Sassoli, un Italien, et une vice-présidente de la Commission européenne, Vera Jourova, une ressortissante tchèque chargée des Valeurs et de la Transparence.

Le 2 mars, l'Union européenne a annoncé sa décision d'imposer des mesures restrictives à l'encontre de quatre Russes responsables selon l'UE de graves violations des droits de l'homme, notamment des procédures judiciaires contre l'opposant russe Alexeï Navalny, ainsi que de la répression massive et systématique de la liberté de réunion pacifique en Russie.

David Maria Sassoli a dénoncé cette décision en assurant sur son compte Twitter: "aucune sanction ou intimidation n'empêchera l'@Europarl_EN (Le Parlement européen) ou moi-même de défendre les droits de l'homme, la liberté et la démocratie".