Cette interdiction prononcée par le Conseil de contrôle des ressources en eau de Californie n'est que le dernier rebondissement d'un long feuilleton car depuis des années, le groupe est accusé d'assécher la Californie, un Etat déjà en manque d'eau.
Mais dans ce cas précis, le bras de fer engagé se joue autour de la forêt de San Bernardino, une région de plus de 3000 kilomètres carré. Nestlé y exploite une partie de l'eau alimentant la rivière de Santa Ana, qui couvre les besoins en eau potable de près de 800'000 habitants. La multinationale vend cette eau sous la marque Arrowhead.
Si les autorités reconnaissent que Nestlé a bel et bien une autorisation d'exploitation (un permis du 19ème siècle obtenu après le rachat de Perrier), elles estiment que le groupe aurait largement dépassé de plusieurs centaines de millions de litres la quantité d'eau qu'il est autorisé à ponctionner.
Bien que Nestlé ait encore la possibilité de s'opposer à cette interdiction, chaque jour d'exploitation pourrait valoir une amende. Si l'ordonnance finale est adoptée, plusieurs restrictions de pompage pourront aussi être imposées.
Loin d'être une première
Pour la multinationale, cette situation est cependant loin d'être une première. Ce scénario s'est déjà répété à de multiples reprises. Depuis plusieurs années, Nestlé doit en effet se défendre pour prouver qu'il ne contribue ni à la sécheresse californienne ni, même indirectement, à ses feux de forêt.
La Californie n'est d'ailleurs pas la seule à pointer Nestlé du doigt. Le groupe suisse a été confronté à des reproches de surexploitation de la ressource naturelle dans d'autres Etats américains.
Mais l'affaire de San Bernardino renvoie à une question qui paraît insoluble dans la pratique: l'eau est-elle un droit humain, comme l'affirment les Nations unies, ou alors un produit commercialisable dotée d'une valeur marchande ? Et surtout, comment ces deux visions sont-elles conciliables ?
Sujet radio: Katja Schaer
Adaptation web: ther
Marque en cause vendue fin mars
Le projet d'ordonnance intervient deux mois après que Nestlé a vendu ses marques d'eau aux États-Unis et au Canada aux sociétés d'investissement One Rock Capital Partners en partenariat avec Metropoulos & Co. pour 4,3 milliards de dollars. Nestlé Waters North America a été rebaptisée BlueTriton Brands.
Nestlé avait annoncé la vente de cinq marques d'eau de source et trois eaux de source de montagne, son activité d'eau purifiée et son service de livraison de boissons aux Etats-Unis et au Canada, Readyrefresh, le 17 février dernier.
Les huit marques en question, dont Poland Spring et Arrowhead, ont réalisé un chiffre d'affaires de près de 3,4 milliards de francs en 2019.