Alors que la Colombie est secouée par une troisième vague de Covid-19, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues pour réclamer le retrait d'un projet de réforme fiscale accusé de toucher surtout la classe moyenne.
Ce projet vise à relancer la 4e économie d'Amérique latine, très affectée par la pandémie et dont le PIB a chuté de 6,8% en 2020. Avec son projet initial, le gouvernement entendait collecter quelque 6,3 milliards de dollars entre 2022 et 2031.
Mais il a été rejeté par l'opposition, les syndicats, les universitaires et d'autres secteurs qui le jugent inopportun et défavorable à la classe moyenne. Même le parti au pouvoir et ses alliés ont émis des critiques.
Près de 20 morts et 800 blessés
Le président Ivan Duque, au pouvoir depuis août 2018, avait annoncé dimanche le retrait de ce projet pour en élaborer un nouveau, après cinq jours de protestations qui se sont soldés par la mort de 18 civils et d'un policier, selon le Défenseur du peuple, entité publique de protection des droits.
Le ministère de la Défense a pour sa part fait état de 846 blessés, dont 306 civils. Alors que le gouvernement a déployé l'armée en renfort dans les villes les plus affectées, plusieurs ONG ont accusé la police d'avoir tiré sur des civils.
Démission d'un ministre
Face à la mobilisation qui ne semble pas faiblir, le ministre des Finances a démissionné. "Mon maintien au gouvernement rendrait difficile l'édification rapide et efficace des consensus nécessaires" pour mener à bien une nouvelle proposition de réforme, a déclaré Alberto Carrasquilla. Il est remplacé par l'économiste José Manuel Restrepo, jusque-là ministre du Commerce.
agences/lan
Usage excessif de la force condamné
Les Nations Unies et l'Union européenne ont condamné mardi "l'usage excessif de la force" par les forces de sécurité lors de manifestations en Colombie et notamment à Cali, dans l'ouest du pays, où elles ont tiré à balles réelles.
"Nous sommes profondément alarmés par les événements dans la ville de Cali en Colombie, où la police a ouvert le feu sur des manifestants qui s'opposent à une réforme fiscale, tuant et blessant un certain nombre de personnes selon des informations disponibles", a déclaré la porte-parole du Haut commissariat aux droits de l'homme.
Elle a également appelé au calme en amont d'une nouvelle journée de manifestations prévue mercredi.