Entre 50 et 60 bateaux de pêche français ont navigué depuis 07h00 jeudi matin, dans le calme et en rangs serrés, devant le port de Saint-Hélier, capitale de l'île anglo-normande de Jersey. Ils ont quitté la zone en début d'après-midi, à l'issue d'une rencontre avec un ministre de Jersey.
Les responsables de Jersey "restent sur leur position", a déclaré l'un des pêcheurs à l'AFP. "Maintenant, c'est aux ministres de s'arranger. Nous, on ne va plus pouvoir faire grand-chose", a-t-il ajouté.
Bâtiments des deux pays sur place
Deux bâtiments militaires britanniques, les patrouilleurs HMS Severn et Tamar, croisaient aussi dans le secteur durant la matinée, selon les données du site de suivi des navires Marinetraffic. Ils ont été rappelé en Angleterre en soirée, après le départ de la flottille française.
La France, de son côté, a dépêché deux bâtiments plus modestes, le patrouilleur côtier Athos de la gendarmerie maritime et de celui des affaires maritimes, Themis, dans la zone située dans les eaux françaises, pour assurer "la sécurité de la navigation et la sauvegarde de la vie humaine en mer", selon les autorités.
Mesure "strictement préventive" selon Londres
Londres a évoqué "une mesure strictement préventive, en accord avec le gouvernement de Jersey", île au statut particulier qui ne fait pas pleinement partie du Royaume-Uni. Les services du Premier ministre Boris Johnson ont précisé que les deux patrouilleurs allaient rester "pour surveiller la situation".
"Ces manoeuvres ne doivent pas nous impressionner", a réagi le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes Clément Beaune. "Notre volonté n'est pas d'entretenir des tensions mais d'avoir une application rapide et complète de l'accord. Rien que l'accord et tout l'accord", a-t-il déclaré. "Nous y travaillons sans relâche avec la Commission européenne et les autorités britanniques. Avec calme, détermination et fermeté".
La ministre française de la Mer Annick Girardin avait déjà appelé jeudi les autorités britanniques à revenir sur les restrictions d'accès aux eaux de Jersey, imposées aux pêcheurs français à la suite du Brexit.
Mesures de rétorsion évoquées à Paris
La manifestation des pêcheurs français est l'un des symptômes de la poussée de fièvre franco-britannique sur l'épineuse question de la pêche après le Brexit.
Mardi, Annick Girardin avait déjà affirmé que la France était prête à recourir à des "mesures de rétorsion" si les autorités britanniques continuaient à restreindre l'accès des pêcheurs français aux eaux de Jersey. "On est prêts pour la guerre", avait clamé de son côté, jeudi, le tabloïd britannique Daily Mail.
afp/oang
Géopolitique des îles anglo-normandes
Jersey, Guernesey et le chapelet d'îles voisines composent les îles anglo-normandes, qui comptent 165'000 habitants, citoyens britanniques.
Elles sont plus proches de la France que de la Grande-Bretagne, situées à environ 22 km au large de la pointe du Cotentin (Normandie) et 130 km au sud de l'Angleterre.
Ces îles n'appartiennent toutefois ni au Royaume-Uni, ni aux territoires britanniques d'outre-mer. Considérées comme des dépendances appartenant à la Couronne britannique, elles reconnaissent la reine Elizabeth II en tant que cheffe d'Etat.
Ces îles disposent par ailleurs d'un cadre législatif et d'une fiscalité spécifiques.
Elles ont suivi le Royaume-Uni en quittant l'union douanière et le marché unique au moment du Brexit. Leurs habitants n'ont cependant pas participé au référendum sur la sortie du l'UE en 2016.