Ivan Duque a exigé vendredi la levée des barrages qui se sont multipliés ces derniers jours alors que les manifestations étaient violemment réprimées dans plusieurs villes du pays.
"Oui au dialogue, oui pour construire, mais définitivement non aux barrages parce que les barrages ne sont pas pacifiques, ils portent atteinte aux droits d'autres personnes", a déclaré Ivan Duque lors d'une rencontre avec des journalistes vendredi au palais présidentiel à Bogota.
Approvisionnement mis à mal
Le chef de l'Etat, qui a fait état de 733 barrages depuis le début du mouvement le 28 avril, a exigé la fin de ces actions affectant l'approvisionnement dans différentes régions, notamment en carburants, médicaments et aliments.
Sous la pression sociale, le gouvernement a lancé cette semaine une série de réunions avec diverses organisations, commençant par des partis politiques, des magistrats et des médias.
Ivan Duque, dont la popularité est en berne à 33% et qui achèvera son mandat de cinq ans en août 2022, s'est dit disposé à rencontrer aussi le comité national de grève, initiateur du mouvement et qui rassemble des secteurs divers.
Plus de 20 morts et 1500 blessés
Selon le bilan communiqué par le gouvernement lors de la rencontre avec la presse, ces dix jours se soldent par 26 morts, dont huit ne sont pas liés aux manifestations, ainsi que 1506 blessés, parmi lesquels 680 civils et 826 agents des forces de l'ordre, tandis que 90 personnes sont portées disparues.
Ce mouvement de protestation massif intervient alors que la Colombie se reconfine peu à peu pour faire face à la troisième vague de Covid-19.
Rassemblement à Genève
De nouvelles manifestations sont prévues samedi dans les grandes villes comme Bogota et Medellin, malgré le confinement obligatoire entré en vigueur vendredi soir et prévu jusqu'à 5h00 du matin lundi.
Des membres de la communauté colombienne de Suisse - environ 500 selon la police - se sont rassemblés samedi après-midi près des Nations Unies à Genève. Des manifestations étaient également prévues en France et au Mexique notamment.
oang avec afp
Sujet diffusé dans le Journal de 12h30
Réactions internationales
La répression des manifestations en Colombie a été condamnée par la communauté internationale, notamment l'ONU, l'Union européenne, les Etats-Unis et des ONG de défense des droits humains.
Le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA), Luis Almagro, s'est joint vendredi aux critiques, en condamnant les actes de "torture et assassinats commis par les forces de l'ordre".
Mais le ministère colombien des Affaires étrangères a rejeté vendredi ces "prises de position extérieures qui manquent d'objectivité et qui cherchent à aggraver la polarisation" de la société.
Récession aggravée par la pandémie
La pandémie de Covid-19, avec près de trois millions de cas en Colombie, dont plus de 76'000 décès, sur 50 millions d'habitants, a aggravé la récession dans ce pays, l'un des plus inégalitaires du continent.
La 4e économie d'Amérique latine pâtit d'une chute de 6,8% de son produit intérieur brut (PIB) en 2020, d'un chômage de 16,8% et d'une pauvreté à 42,5%, alors que près de la moitié de la population active vit d'emplois informels.