Neuf enfants figurent aussi parmi les personnes tuées dans les frappes israéliennes, ont indiqué les autorités locales, selon le ministère de la Santé dans la bande de Gaza.
"Nous avons commencé à mener des frappes sur Gaza et je dis bien commencé (...) nous avons ciblé un haut commandant du Hamas", a déclaré le porte-parole de l'armée israélienne.
Muhammad Fayyad, un commandant de la branche armée du Hamas, a été tué à Beit Hanoun, dans le nord de Gaza, a confirmé une source au sein du mouvement islamiste armé, au pouvoir dans l'enclave palestinienne.
Salves de roquettes
La branche armée du Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, avait donné "jusqu'à 18h" à Israël pour "retirer ses soldats" de l'Esplanade des Mosquées, haut lieu de tensions entre personnes palestiniennes et israéliennes dans le cœur de la vieille ville de Jérusalem.
Sur le coup de 18h, plusieurs salves de roquettes ont été lancées de l'est et du nord de la bande de Gaza vers Israël. Les sirènes d'alarme ont retenti dans des villages et des villes d'Israël. Fait plutôt rare, des sirènes ont aussi été déclenchées à Jérusalem, ce qui a notamment forcé l'évacuation, selon les autorités, du Mur des Lamentations, site le plus sacré où les personnes de confession juive peuvent prier.
Le Hamas a dans la soirée annoncé avoir lancé une centaine de roquettes en direction de l'Etat hébreu. Certaines ont été bloquées par le bouclier antimissiles "Dôme de fer", mais d'autres se sont abattues sur le territoire israélien, a fait savoir l'armée. Aucune victime israélienne n'a été rapportée dans l'immédiat.
"Les organisations terroristes à Gaza ont franchi une ligne rouge le soir de la Journée de Jérusalem en tirant des roquettes jusque dans la région de Jérusalem", a commenté le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Et d'ajouter: "Israël réagira avec force (...), celui qui attaque paiera le prix fort".
L'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas a elle dénoncé une "agression barbare" des forces israéliennes et le chef du mouvement islamiste palestinien à Gaza, Ismaïl Haniyeh, a averti que la "résistance" palestinienne ne "restera pas les bras croisés".
Plus de 500 personnes blessées
Ces frappes aériennes interviennent au quatrième jour de violences entre Palestiniennes, Palestiniens et forces de sécurité israéliennes à Jérusalem-Est, secteur palestinien de la ville illégalement occupée et annexée par Israël selon le droit international.
Des centaines de personnes issues de la Palestine ont lancé tôt lundi matin des projectiles en direction des forces israéliennes positionnées sur le troisième lieu saint de l'islam. La police a riposté en tirant des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes. Dans l'après-midi, les affrontements ont cessé sur l'esplanade, mais la situation restait tendue.
Selon le Croissant-Rouge palestinien, plus de 520 Palestiniens ont été blessés, dont de nombreux aux yeux et à la tête, alors que la police israélienne a fait état d'au moins neuf blessés dans ses rangs, pour ces accrochages les plus violents depuis 2017 à Jérusalem-Est.
Ces violences ont coïncidé avec "la Journée de Jérusalem", célébrée lundi selon le calendrier hébraïque pour marquer la conquête de Jérusalem-Est par Israël en 1967. Souvent émaillée de heurts, la "marche de Jérusalem" qui devait rassembler en soirée des milliers d'Israéliennes et Israéliens dans la Vieille ville a été annulée.
>> Lire aussi : Plus de 180 blessés dans des heurts vendredi soir à Jérusalem-Est
Appels au calme et condamnations
Les appels internationaux au calme se multiplient face à cette situation explosive. Le quartette pour le Proche-Orient – composé de l'ONU, l'Union européenne, la Russie et les Etats-Unis – a ainsi appelé les forces de l'ordre israéliennes à la "retenue".
Israël et la Palestine ont le "devoir d'éviter de nouvelles victimes civiles", a prévenu le chef de la diplomatie allemande après des frappes israéliennes sur Gaza en riposte à des roquettes tirées depuis l'enclave. "Rien ne justifie le tir de roquettes sur la population civile israélienne", a ajouté sur Twitter Heiko Maas.
Le ministre britanniques des Affaires étrangères Dominic Raab a condamné les tirs de roquettes du Hamas contre Israël, appelant à une "désescalade immédiate de tous les côtés".
Les Etats-Unis ont eux condamné "le plus fermement possible les tirs de roquette du Hamas" contre Israël, dénonçant une "escalade inacceptable" et appelant toutes les parties au "calme" et à la "désescalade des tensions". Le secrétaire d'Etat américain Anthony Blinken a insisté pour que soient prises "des mesures concrètes pour calmer le jeu".
Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni lundi en urgence, mais sans s'entendre sur une déclaration commune. Les Etats-Unis ont jugé qu'un "message public n'était pas opportun à ce stade", selon des diplomates.
Lundi soir, de nouveaux affrontements éclataient sur l'Esplanade des Mosquées: la foule palestinienne lançait des projectiles en direction des forces de l'ordre israéliennes, qui utilisait à son tour des grenades assourdissantes et des balles en caoutchouc pour tenter de disperser les gens.
boi/sjaq et les agences
Incendie dans l'enceinte de l'Esplanade des Mosquées
Un incendie, visible à plus de deux kilomètres à la ronde, s'est déclaré lundi soir dans l'enceinte de l'Esplanade des Mosquées à Jérusalem, troisième lieu saint de l'islam – nommée Mont du Temple par les personnes de confession juive – où se trouvaient des milliers de fidèles pour la prière du soir.
Violences depuis début mai
Des accrochages violents – les pires enregistrés depuis des années – opposent depuis une semaine des personnes manifestant du côté palestinien et la police israélienne, blessant des centaines à Jérusalem-Est, portion palestinienne de la Ville Sainte annexée par Israël.
La question de Jérusalem est l'une des principales pommes de discorde entre Israël et la Palestine. Le premier estime que toute la ville est sa capitale "indivisible", et la seconde veut faire de Jérusalem-Est la capitale de l'Etat auquel elle aspire.
Par ailleurs, la possible éviction de familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, au profit de colons israéliens est l'un des éléments clés au cœur des tensions ces derniers jours à Jérusalem.
Une audience à la Cour suprême israélienne était prévue lundi matin, mais elle a été reportée sine die en raison du "contexte actuel", a indiqué dimanche soir la justice israélienne.
>> Lire : A Jérusalem, l'audience sur l'expulsion de familles palestiniennes est repoussée
L'UE appelle à la fin immédiate des violences
La "flambée de violence significative" dans la bande de Gaza et à Jérusalem-Est "doit cesser immédiatement", a lancé lundi soir un porte-parole du chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell.
"Les tirs de roquettes depuis la bande de Gaza sur des populations civiles en Israël sont totalement inadmissibles et nourrissent une escalade", a ajouté le porte-parole dans un communiqué.