Dans les guerres, les armées peuvent volontairement détruire l'environnement comme tactique pour affaiblir l'adversaire. Ainsi, pendant la guerre du Vietnam, les Américains ont déversé par avion d'énormes quantités d'agent orange, un puissant herbicide.
"Le but était de détruire les forêts pour que les Viet-Congs ne puissent plus se cacher, de détruire leurs cultures, leurs plantations, pour qu'ils n'aient plus de ressources", rappelle Patrick Naef, anthropologue au Département de géographie de l'Université de Genève, lundi dans l'émission Tout un monde.
Nombreuses sources de pollution
Mais les activités militaires polluent aussi de manière plus indirecte, dans la préparation d'un conflit ou après un conflit. On trouve également d'autres facteurs polluants comme les munitions, les armes, les incendies de puits de pétrole et d'usines chimiques ou les vols militaires.
Patrick Naef évoque aussi la financement des conflits par l'extraction minière notamment, ou encore la production de cocaïne, "qui est le nerf de la guerre en Colombie".
Le droit international humanitaire est censé préserver les biens indispensables à la survie de la population civile, comme les zones agricoles ou l'eau potable. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a du reste mis à jour l'an dernier ses Directives sur la protection de l'environnement naturel en période de conflit armé. Mais pour l'organisation, l'environnement est toujours une victime négligée de la guerre.
Une lente prise de conscience
A l'image de ce qui se passe dans la société civile, les responsables militaires sont tout de même de plus en plus sensibles à la protection du climat, de l'environnement.
Aux Etats-Unis, le Pentagone a créé un groupe de travail sur le climat. Le ministère britannique de la Défense, lui, a publié une "approche stratégique du changement climatique et de la durabilité".
Et "différents programmes sont menés par l'Etat français et l'actuel Ministère des armées pour sensibiliser la culture des militaires à la protection de l'environnement", note le géographe Patrick Boulanger, professeur à Sorbonne Université.
L'impossibilité de conflits "propres"
Des efforts existent donc, et un changement de culture peut-être aussi. Mais le CICR et l'organisation néerlandaise PAX soulignent que le chemin est encore long pour améliorer les choses.
L'anthropologue Patrick Naef, lui, ne croit pas à un conflit "propre". Il faudrait couper le mal à la racine, dit-il. Et pour que les activités militaires aient moins d'impact sur l'environnement, il faudrait supprimer les armées, selon lui.
Pauline Rappaz/oang
La conscientisation de l'armée suisse
Contacté par la RTS, le Département fédéral de la défense (DDPS) assure qu'il cherche depuis longtemps à réduire l'impact de ses activités sur l'environnement.
L'armée, plus grand propriétaire immobilier de Suisse, a un rôle essentiel à jouer dans ce domaine.
Le message sur l'armée 2021 tient du reste compte de l'objectif climatique du Conseil fédéral et c'est une première.
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