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En Inde, les Sikhs aident les malades du Covid-19 à respirer

Un homme reçoit de l'oxygène dans un temple Sikh de New Delhi. [AFP - Mayank Makhija]
Face à la crise sanitaire en Inde, des camps à ciel ouvert offrent de l'oxygène / Tout un monde / 4 min. / le 12 mai 2021
L'Inde fait toujours face à une violente vague de contaminations au Covid-19, avec plus de 400'000 infections quotidiennes. Face à la pénurie de bouteilles d'oxygène dans les hôpitaux, des associations sikhes viennent en aide aux malades pour respirer. Reportage.

Nisha Murthy, 68 ans, a attrapé le coronavirus il y a une semaine. Assise sous une tente, elle s'efforce de respirer l'oxygène qui lui arrive par un tuyau, depuis une bouteille posée derrière elle. Son fils Priyam, inquiet, l'accompagne.

"Comment voulez-vous trouver de l'oxygène ces jours-ci ? C'est impossible", raconte Priyam. "Un ami est allé dans beaucoup d'hôpitaux de la ville, il a réussi à en recevoir un peu. Mais le lendemain, il n'en a plus trouvé, alors il est mort. Moi je n'ai plus de travail, et je ne peux pas acheter une bouteille. Je suis donc venue directement ici."

Nisha Murthy, malade du COVID-19, est venue au temple sikh de Nizamuddin de New Delhi, pour respirer de l’oxygène offerte par une association. [RTS - Sébastien farcis]
Nisha Murthy, malade du COVID-19, est venue au temple sikh de Nizamuddin de New Delhi, pour respirer de l’oxygène offerte par une association. [RTS - Sébastien farcis]

Le soutien des Sikhs à la population

A New Delhi, des camps accueillent des personnes que les hôpitaux ont dû refuser. À l'exemple du temple sikh de Nizammuddin, où une association caritative a ouvert "l'oxygen hangar". Là, les malades dans le besoin peuvent venir respirer cet air devenu si rare.

Ajit Singh, la barbe épaisse sous un turban bleu, est le fondateur d'"Hum Chakkar Gobind Ke", en charge de ce programme. "Ces dernières semaines, nous avons connu des pics avec plus de 100 personnes par jour, qui venaient jusqu'à 3h du matin", raconte-t-il. "Quelques patients viennent même tous les jours. Leur concentration d'oxygène dans le sang doit être entre 70 et 90. En dessous de cela, la personne est trop en danger et doit voir un médecin."

En Inde, les Sikhs sont connus pour leurs services de repas gratuits, distribués toute l'année dans leurs temples. Mais, depuis deux semaines, ces dévots en turban se sont transformés en vrais combattants du Covid-19, venus soutenir un Etat non préparé et des hôpitaux débordés. Cette semaine, ils ont même transformé un de leurs temples en hôpital de 400 lits.

"Notre religion nous dit de servir l'humanité, quelle que soit la race ou la religion", explique Ajit Singh. "Et cela peu importe les risques. Que nous mourrions chez nous ou ici, cela nous est égal, tant que l'on rend service aux gens."

Le temple Sikh Rakab Ganj Gurudwara transformé en hôpital pour les malades du Covid-19 [AFP - Mayank Makhija]
Le temple Sikh Rakab Ganj Gurudwara transformé en hôpital pour les malades du Covid-19 [AFP - Mayank Makhija]

A la recherche d'oxygène

Se fournir en oxygène est toutefois une tâche extrêmement complexe pour ces bénévoles. Devant l'usine Vaibhav, l'un des nombreux distributeurs de gaz de la capitale, des dizaines de personnes font la queue dans la chaleur de l'après-midi pour pouvoir remplir leurs bouteilles.

"Nous avons déjà eu du mal à acheter ces bouteilles, car leur prix a triplé", explique l'un des bénévoles en attente. "Pour les remplir, c'est un vrai combat. Il n'y a plus de stock à New Delhi, donc nous allons partir dans la région du Pendjab. Cela nous prendra au moins 12heures pour faire l'aller-retour, mais au moins nous en trouverons."

Un bénévole d'un temple Sikh transporte une bouteille d'oxygène pour aider les malades du Covid-19. [Keystone - IDREES MOHAMMED]
Un bénévole d'un temple Sikh transporte une bouteille d'oxygène pour aider les malades du Covid-19. [Keystone - IDREES MOHAMMED]

Tous les soirs, les bénévoles de l'association d'Ajit Singh parcourent ainsi 200 km pour remplir les bouteilles d'oxygène. Mais tous ces efforts paient. Sous la tente, devant le temple de Nizamudin, Nisha Murthy reprend des couleurs. Un bénévole vient mesurer sa concentration d'oxygène dans le sang. Les yeux de son fils Priyam sourient au dessus de son masque. "93! C'est super! Lorsqu'on est arrivés il y a une heure, elle était à 70, c'était critique. Je suis rassuré, je sais maintenant qu'elle pourra venir respirer un peu ici si son état se détériore à nouveau."

Ces derniers jours, de moins en moins de patients viennent recevoir cet oxygène d'urgence. Un signe que la crise semble enfin se calmer à New Delhi.

Sébastien Farcis/mh

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