La dernière victime connue de cette escalade militaire est un enfant de six ans, dans la ville israélienne de Sdérot, victime d'un nouveau barrage de roquette du Hamas depuis la bande de Gaza qui a causé des ravages dans la ville voisine d'Ashkelon.
Ce décès porte à sept, dont un soldat, le nombre de personnes tuées en Israël depuis le déclenchement des hostilités lundi, les plus intenses depuis la guerre de Gaza de 2014.
Ténors du Hamas tués
A Gaza, enclave palestinienne sous blocus israélien et contrôlée par le Hamas, 67 personnes sont mortes dans des frappes israéliennes, dont 17 enfants et plusieurs commandants du Hamas.
Le mouvement islamiste a annoncé mercredi le décès de Wael Issa, chef de sa branche militaire pour la ville de Gaza, la principale de ce territoire palestinien. Les services israéliens affirment avoir tué au total une "dizaine" de responsables du Hamas mais aussi des cadres du Djihad islamique, second groupe islamiste armé de la bande de Gaza, dans des raids menés depuis lundi soir.
L'aviation israélienne a aussi pulvérisé une tour de plus de dix étages abritant des bureaux de la chaîne palestinienne Al-Aqsa, créée il y a quelques années par le Hamas.
"En représailles au raid sur la tour Al-Shorouk et à la mort d'un groupe de dirigeants", le Hamas a lancé mercredi soir plus d'une centaine de roquettes vers Israël dont plusieurs ont été interceptées par le bouclier antimissile "Dôme de Fer".
Depuis jeudi matin, tous les vols en direction de l'aéroport international Ben Gourion de Tel-Aviv sont déroutés jusqu'à nouvel ordre, ont annoncé les autorités aéroportuaires israéliennes.
Violences dans les villes israéliennes
Des violences ont aussi gagné des villes israéliennes ces derniers jours, notamment Lod, cité mixte juive et arabe du centre du pays, où l'état d'urgence a été décrété et un couvre-feu imposé de mercredi 20h00 à jeudi 04h00, après que la police a fait état d'émeutes par la minorité arabe.
Le président Reuven Rivlin a dénoncé un "pogrom", tandis que certains observateurs craignaient une aggravation des troubles civils après que des manifestants ont notamment brûlé des voitures, affronté la police israélienne et attaqué des automobilistes juifs dans plusieurs villes mixtes.
Lynchage à Tel-Aviv
Des militants israéliens d'extrême droite ont de leur côté manifesté mercredi soir à travers le pays, provoquant des affrontements avec les forces de l'ordre, et parfois des Arabes israéliens.
Et le pays accusait le choc de la diffusion, en direct à la télévision, et à une heure de grande écoute, du lynchage d'un homme, considéré arabe par ses agresseurs, par des militants d'extrême droite près de Tel-Aviv. L'homme tabassé est grièvement blessé.
afp/vkiss/nr
L'ONU craint une guerre
Israël et le Hamas se dirigent vers une "guerre à grande échelle" qui serait "dévastatrice", a averti mardi l'émissaire de l'ONU Tor Wennesland.
Le président américain Joe Biden a indiqué mercredi s'être entretenu par téléphone avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, peu après l'annonce de l'envoi d'un émissaire en Israël et dans les Territoires palestiniens suite à l'embrasement des derniers jours.
"J'ai eu un échange avec Bibi Netanyahu", a-t-il déclaré depuis la Maison Blanche. "Mon espoir est que la situation soit résolue aussi rapidement que possible, mais Israël a le droit de se défendre quand des milliers de roquettes sont tirées vers son territoire", a-t-il ajouté.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a tenu mercredi une nouvelle réunion d'urgence à huis clos, mais sans parvenir à s'entendre sur une déclaration en raison d'une opposition persistante des Etats-Unis à l'adoption de tout texte, selon des diplomates.
Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a appelé les deux camps à la "désescalade" afin de "protéger la vie des civils qui meurent dans ces circonstances absolument inacceptables". La Suisse et l'UE ont également appelé à l'arrêt immédiat des violences. La Russie a elle appelé à une réunion d'urgence du Quartette sur le Proche-Orient (UE, Russie, USA, ONU).
Et selon la procureure en chef de la Cour pénale internationale Fatou Bensouda, des "crimes" pourraient avoir été commis.
"Une dynamique qui va vers l'escalade"
Interrogé mercredi dans la Matinale de la RTS, Denis Charbit, professeur de sciences politiques à l'Université ouverte d'Israël, estime qu'il faut exclure un cessez-le-feu dans les journées à venir.
"C'est clair que l'ultimatum adressé par le Hamas, pour la première fois de son existence, en avertissant qu'il allait frapper Israël pas seulement dans la région limitrophe mais jusqu'à Tel Aviv, pousse inévitablement Israël à continuer les frappes", a-t-il expliqué.
Rétablir une certaine dissuasion
Ce spécialiste souligne qu'en plus du déplacement des affrontements de Jérusalem dans la Bande de Gaza, un nouveau front s'est ouvert dans les villes mixtes judéo-arabes israéliennes où des échauffourées ont lieu. "Et ceci crée un sentiment, tant dans la population israélienne qu'au niveau politique, que l'opération doit continuer pour rétablir une certaine dissuasion".
La situation va donc encore se durcir. "En général, entre le Hamas et Israël, il y avait des règles du jeu tacites". Mais les lignes rouges ont été franchies, et désormais "on est dans une dynamique qui va vers l'escalade", analyse Denis Charbit.