Alors que la communauté internationale multiplie les appels au calme, aucun signe d'apaisement ne semble se profiler entre les belligérants. L'armée israélienne a continué de frapper des cibles palestiniennes vendredi, notamment des tunnels abritant des combattants, alors que des salves de roquettes du Hamas sont toujours envoyées vers des villes israéliennes comme Sderot, Ashkelon et Beersheva.
Plus de 200 habitations ont été détruites ou très endommagées par les bombardements israéliens à Gaza, a indiqué l'ONU vendredi. Plusieurs centaines de personnes ont été contraintes de trouver refuge dans des écoles, en pleine pandémie.
Depuis le début lundi de ce nouveau cycle de violences, 119 Palestiniens, dont 31 enfants, ont été tués dans la bande de Gaza, et 830 blessés, selon un dernier bilan du ministère local de la Santé. Côté israélien, huit personnes, dont un enfant de 6 ans et un soldat, ont péri.
"Ils payent et continueront de payer chèrement. Ce n'est pas encore fini", a averti le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, après une réunion au ministère de la Défense, annonçant une intensification possible de ces frappes.
Dix morts en Cisjordanie et un au Liban
Des heurts ont aussi éclaté entre manifestants et armée dans plusieurs villes de Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël. Dix Palestiniens ont été tués et plus de 150 autres blessés, selon un bilan du ministère palestinien de la Santé et le Croissant-Rouge.
La plupart de ces Palestiniens ont été tués à balles réelles par l'armée israélienne lors de manifestations ayant dégénéré en affrontements dans plusieurs localités cisjordaniennes.
Au Liban, un manifestant de 21 ans, membre du Hezbollah qui avait été blessé par des tirs israéliens lors d'un rassemblement près de la frontière avec Israël, a succombé, a indiqué l'agence nationale d'information. Un autre Libanais a été blessé durant ce rassemblement pour protester contre les raids israéliens sur Gaza.
Une flambée de violence entre Juifs et Arabes touche aussi toujours plusieurs villes mixtes du pays. Près de 1000 membres de la police aux frontières y ont été appelés en renfort, alors que plus de 400 personnes, Juifs et Arabes, ont été arrêtées ces trois derniers jours. Des groupes israéliens d'extrême droite ont aussi affronté les forces de sécurité et des Arabes israéliens, descendants des Palestiniens restés sur leur terre à la création d'Israël en 1948.
Trois roquettes ont en outre été tirées depuis la Syrie en direction d'Israël, les premières depuis le début de l'escalade de violences. Une est tombée en territoire syrien et les deux autres se sont abattues sur des zones non-habitées du nord d'Israël, a indiqué l'armée israélienne.
Confusion sur le début d'une opération au sol
Si les forces terrestres israéliennes ont pris part à une offensive de 40 minutes avant l'aube, elles n'ont pas pénétré dans la bande de Gaza, a précisé le porte-parole de l'armée Jonathan Conricus.
Durant la nuit, le porte-parole a d'ailleurs enchaîné des déclarations contradictoires. Il a d'abord déclaré que des troupes au sol menaient une attaque dans Gaza". Deux heures plus tard, il a émis une "clarification" pour dire "qu'il n'y avait actuellement pas de troupes dans la bande de Gaza". Il a expliqué cet imbroglio apparent par un "problème de communication en interne".
L'armée israélienne avait massé jeudi chars et véhicules blindés le long du territoire palestinien d'où les troupes israéliennes s'étaient retirées unilatéralement en 2005. Et le ministère de la Défense a donné le feu vert à l'armée pour mobiliser au besoin des milliers de réservistes.
Le Conseil de sécurité de l'ONU tiendra une réunion virtuelle publique sur le conflit israélo-palestinien dimanche, ont indiqué des diplomates. L'émissaire de l'ONU pour le Proche-Orient, le Norvégien Tor Wennesland, ainsi que des représentants d'Israël et des Palestiniens devraient y participer.
Cette réunion, initialement prévue vendredi, a été demandée par la Tunisie, la Norvège et la Chine. Les Etats-Unis, qui avaient bloqué la session de vendredi et envisagé une réunion en début de semaine prochaine, ont accepté qu'elle soit avancée à dimanche, selon les mêmes sources.
Dernière opération en 2014
Le nouveau conflit a été déclenché après une salve de roquettes du Hamas tirées vers Israël en "solidarité" avec les plus de 700 Palestiniens blessés dans des heurts avec la police israélienne sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé par Israël depuis 1967.
La dernière opération militaire israélienne dans la bande de Gaza, territoire de deux millions d'habitants soumis à un blocus israélien depuis plus de 10 ans, remonte à 2014.
La guerre entre Israël et le Hamas avait alors duré 50 jours et fait au moins 2251 morts côté palestinien, en majorité des civils, et 74 côté israélien, presque tous des soldats.
boi avec afp
Washington appelle les Américains à éviter d'aller en Israël
Les autorités américaines ont appelé jeudi leurs ressortissants à "éviter de se rendre en Israël" en raison de la flambée de violence.
Le niveau d'avertissement aux voyageurs, qui avait été abaissé ces dernières semaines à la faveur de l'amélioration de la situation sanitaire liée à la pandémie dans l'Etat hébreu, a été relevé du deuxième au troisième cran sur quatre.
Le gouvernement américain recommande également de ne pas se rendre dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, avec le niveau d'avertissement maximal.
Compte tenu des risques liés aux attaques aériennes, plusieurs compagnies internationales parmi lesquelles KLM, British Airways, Virgin, Lufthansa et Iberia ont annulé leurs vols vers Israël.
Manifestation à Bienne
Plus de 400 personnes ont manifesté vendredi dans les rues de Bienne pour soutenir la Palestine face à Israël. Depuis lundi, un nouveau cycle de violences touche les deux pays.
"Nous sommes tous des Palestiniens", scandait la foule, qui a défilé cet après-midi dans les rues du centre-ville avant d'atteindre la place Centrale. Plusieurs drapeaux palestiniens étaient brandis dans le cortège, composé principalement de jeunes. "Palestinian lives matter", pouvait-on lire sur des pancartes.
La manifestation, organisée par un groupe de jeunes Biennois, a rassemblé plus de monde qu'escompté. "Nous nous attendions à 80 personnes", a commenté l'un des organisateurs. Ceux-ci ont décidé d'organiser l'événement en réaction au conflit qui touche la Palestine et Israël depuis plusieurs jours et qui a fait 130 morts. Ils ont notamment appelé la Suisse à davantage condamner Israël.