Publié

Grève générale des Palestiniens en protestation contre les attaques d’Israël

Des jeunes Palestiniennes lors d'une manifestation près de Ramallah le 15 mai 2021. [AFP - Abbas Momani]
Les Palestiniens sont en grève générale pour protester contre les bombardements à Gaza / Le 12h30 / 3 min. / le 18 mai 2021
Ce mardi, la population palestinienne de Cisjordanie occupée, de Jérusalem, de Gaza et des villes situées à l’intérieur des frontières d’Israël lance un mouvement inédit de grève générale pour protester contre les bombardements israéliens sur Gaza.

Cet appel à la grève générale de Palestiniennes et Palestiniens est une action inédite. Car, s'il y a déjà eu des grèves de la part des habitants et habitantes des Territoires occupés, une telle grève n’est pas courante dans les frontières d’Israël et perturbera le quotidien en faisant pression sur les Israéliens.

Ce mouvement ne vient ni des partis politiques ni d'une quelconque organisation. Dans un communiqué, on peut lire qu'il s'agit d'une initiative de "la jeunesse palestinienne" qui, depuis, a été récupérée par le Fatah. Elle a pour but de protester contre les bombardements de l’aviation israélienne sur Gaza, contre les expulsions forcées des familles de Sheikh Jarrah et contre les attaques de colons.

L'idée d'une grève unifiée constitue un levier pour une action nationale palestinienne conjointe. L'initiative a été bien accueillie par les partis et factions politiques palestiniennes. Elles ont publié des déclarations confirmant leur engagement. Un soutien jugé essentiel, surtout au moment, où, dans les rues, à Jérusalem comme en Cisjordanie, de nombreuses voix s’élèvent contre l’Autorité palestinienne.

Un mouvement bien suivi

A la mi-journée, la grève était plutôt bien suivie. La plupart des commerces tenus par des Palestiniens à Jérusalem-Est ont fermé, notamment dans la Vieille Ville. A Haïfa, ville du nord d'Israël abritant à la fois des populations juives et arabes, l'un des organisateurs du mouvement, Radja Zaatar, a déclaré à Reuters que 90% des commerces avaient gardé leur rideau fermé dans les quartiers arabes.

A Ramallah en Cisjordanie, la correspondante de la RTS confirme aussi que les magasins sont fermés et que des centaines de Palestiniennes et Palestiniens manifestent dans les rues.

Témoignage de Gaza

Pour comprendre ce que vivent actuellement les quelque deux millions d'habitants de Gaza, l'émission Tout un monde a réussi à joindre Rami Abujamus, journaliste et fixeur dans l'enclave palestinienne. Par messagerie WhatsApp, celui-ci raconte l'insécurité permanente et la peur qui règne: "Gaza est presque une ville fantôme. Tout le monde est chez soi, on ne sort pas. Les bombardements sont presque partout, aucun endroit n'est sûr. Nous sommes tous des cibles."

Le journaliste palestinien explique que près de 35'000 personnes ont déjà quitté leur foyer pour se réfugier dans les écoles de l'UNRWA (Organisation des Nations unies pour l'aide aux réfugiés palestiniens), même si, lors des dernières attaques israéliennes, ces écoles n'ont pas été épargnées.

Rami Abujamus explique que, s'il y a suffisamment de nourriture, l'armée israélienne prive la population d'eau courant, d'électricité et de réseau en bombardant les infrastructures. "En détruisant les tours de téléphonie, on a de moins en moins de réseau pour accéder à Internet. Sur les trois lignes de base qui alimentent la région en courant électrique, il n'en reste qu'une qui fournit à peu près 70 mégawatts alors que le besoin de toute la bande de Gaza est de plus de 400 mégawatts."

La suite de la guerre de 2014

Le Gazaoui dément le discours officiel de l'armée israélienne pour justifier ses bombardements sur la population: " Le prétexte a toujours été que les activistes se cachent derrière les civils, mais nous, on ne voit pas ces combattants. Là ils bombardent en affirmant qu'il y a des tunnels partout. En tant qu'habitants de Gaza on n'a pas connaissance d'autant de tunnels. En plus l'armée israélienne dispose de technologies très précises, qui pourraient viser une aiguille dans la mer. Mais là, pour bombarder des tunnels ou infrastructures, ils ont tué 42 personnes de la même famille."

Le journaliste explique que l'envenimement de la situation était palpable dès le départ. "Cela a commencé trop fort pour pouvoir s'arrêter. Dès le 1er jour, l'armée israélienne a dit que, s'il allait y avoir escalade, elle recommencerait là où s'est terminée la guerre de 2014. C'est ce qu'ils on fait en détruisant les tours. Pareil ici de la part de la résistance qui a commencé à cibler Tel-Aviv, où ont eu lieu les dernières frappes en 2014. On sait ainsi que la guerre ne va pas se terminer de sitôt."

>> Ecouter l'entier du témoignage de Rami Abujamus, journaliste et fixeur à Gaza :

L'armée israélienne détruit un immeuble abritant Al-Jazeera et AP à Gaza. [afp - Mahmud Hams]afp - Mahmud Hams
A quoi ressemble le quotidien à Gaza en plein conflit? Témoignage de Rami Abujamus / Tout un monde / 4 min. / le 18 mai 2021

Alice Froussard/ Eric Guevara-Frey / aq / mh

Publié

"L'intensité du conflit est inouïe"

Interrogé au 19h30, Fabrizio Carboni, directeur régional du CICR pour le Proche et le Moyen-Orient, évoque un sentiment de gâchis. "Ce sont des gens qui ont déjà connu trois fois ce qu'ils sont en train de vivre aujourd'hui. Et ce, malgré toutes les leçons des conflits précédents."

Le CICR constate un nombre de missiles, de bombes et d'attaques unique, même en comparaison avec les précédentes violences. "L'intensité est inouïe à un endroit où la densité de population est très importante. Inévitablement, des frappes militaires ont des conséquences", indique Fabrizio Carboni.

Et de rappeler que ce que le CICR demande en termes humanitaires est finalement basique. "On parle de respecter les civils et les hôpitaux ainsi que toutes les infrastructures essentielles. Et on demande aux Etats de prendre des précautions et d'être proportionnels dans l'utilisation de la force."

Le commentaire sur les affrontements israélo-palestiniens du directeur régional du CICR pour le Moyen-Orient, Fabrizio Carboni.
Le commentaire sur les affrontements israélo-palestiniens du directeur régional du CICR pour le Moyen-Orient, Fabrizio Carboni. / 19h30 / 3 min. / le 17 mai 2021