Des soldats ont commencé à patrouiller à la frontière de l'enclave avec le Maroc aux côtés de la police espagnole dont les effectifs ont été renforcés, a précisé Fernando Grande-Marlaska à la chaîne de télévision publique espagnole TVE.
Quelque 200 policiers supplémentaires ont également été envoyés à Ceuta en soutien aux 1200 agents qui gardent actuellement la frontière avec le Maroc.
"La plus grande fermeté"
Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, qui a annulé un voyage à Paris en raison de la gravité de la situation, s'est rendu sur place mardi. Il a affirmé que sa "priorité" était de "ramener la normalité à Ceuta" et a promis "la plus grande fermeté" de la part du gouvernement "pour assurer (la) sécurité" des habitants de Ceuta, une des deux enclaves espagnoles situées sur la côte marocaine.
Près de 6000 Marocains, dont environ 1500 mineurs, sont entrés à la nage dans Ceuta lundi et mardi. Une personne est morte durant la traversée, a déclaré un porte-parole de la délégation du gouvernement espagnol.
Tensions diplomatiques
Ceuta, qui compte 80'000 habitants, est une enclave située à l'extrémité nord du Maroc, en face de Gibraltar Cette enclave, tout comme celle de Melilla située à environ 300 km à l'est, attire depuis longtemps les migrants africains qui tentent de rejoindre l'Europe en quête d'une vie meilleure.
Ces arrivés massives de migrants marocains interviennent dans un contexte de tensions diplomatiques entre le Maroc et l'Espagne, déclenchées par l'hospitalisation en Espagne de Brahim Ghali, le chef du Front Polisario du Sahara occidental.
Le Maroc, en conflit avec le Front Polisario qui revendique l’indépendance du Sahara occidental, reproche à l'Espagne d'avoir accueilli Brahim Ghali sous une fausse identité et sans l'en informer.
ebz/gma avec les agences
Ambassadrice marocaine convoquée
La ministre espagnole des Affaires étrangères a annoncé avoir convoqué mardi l'ambassadrice marocaine en Espagne pour lui exprimer le "mécontentement" des autorités espagnoles et leur "rejet" face à "l'entrée massive de migrants marocains à Ceuta".
"Je lui ai rappelé que le contrôle des frontières a été et doit rester de la responsabilité partagée de l'Espagne et du Maroc", a ajouté Arancha Gonzalez Laya.
Peu après, le Maroc a annoncé qu'il rappelait son ambassadrice pour consultation.
Bruxelles appelle le Maroc à empêcher les départs de migrants
La commissaire européenne Ylva Johansson a jugé mardi "inquiétant" l'afflux de migrants à Ceuta en pleine tension entre Rabat et Madrid, et appelé le Maroc à empêcher les "départs irréguliers" depuis son territoire.
Le Conseil européen, qui représente les Vingt-Sept, a exprimé de son côté "tout son soutien et sa solidarité avec l'Espagne", par la voix de son président Charles Michel.
"La coopération, la confiance et les engagements partagés devraient constituer les principes d'une relation forte entre l'Union européenne et le Maroc", a ajouté Charles Michel sur Twitter.