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Un sommet pour éviter le décrochage économique de l'Afrique

Le président française Emmanuel Macron et le président du Mali Bah N’Daw lors de l'accueil des chefs d'états participant au Somment sur le financement des économies africaines à Paris, le 17 mai 2021. [Hans Lucas via AFP - Amaury Blin/]
Un sommet pour éviter le décrochage économique de l'Afrique / Le Journal horaire / 26 sec. / le 18 mai 2021
Sous l’impulsion du président français, une trentaine de dirigeants africains et européens se réunissent en sommet mardi à Paris. Ils vont tenter de fournir un peu d’oxygène financier au continent africain, qui subit de plein fouet le choc économique du Covid.

L'Afrique fait figure de continent relativement épargné sur le plan sanitaire, avec 130'000 morts du Covid-19, selon les chiffres officiels, sur un total mondial de près de 3,4 millions de morts. Mais elle en sort financièrement exsangue, au moment où elle devrait justement investir massivement pour enrayer la pauvreté, développer les infrastructures, affronter le changement climatique et la menace djihadiste.

La réunion de Paris, sous la houlette du président Emmanuel Macron, est consacrée au fardeau de la dette publique, mais aussi au soutien du secteur privé. Elle se finira par une conférence de presse conjointe avec le président de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi, à la tête de l'Union africaine, le président du Sénégal Macky Sall et la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Kristalina Georgieva.

Les dettes publiques africaines explosent

L'idée de ce "Sommet sur le financement des économies africaines" a germé à l'automne, quand le FMI a chiffré à 290 milliards de dollars les besoins de financement non couverts de l'Afrique d'ici 2023.

Certes, l'économie du continent, qui a connu sa première récession en un demi-siècle l'an passé à cause de la pandémie, devrait rebondir de 3,4% en 2021 et de 4% en 2022. Et un moratoire mis en place en avril 2020 a permis de donner un peu d'air aux pays africains les plus endettés. Mais cela ne suffira pas. Les dettes publiques explosent et en 2021, 39 millions d'Africains pourraient tomber dans l'extrême pauvreté, selon la Banque africaine de développement (BAD).

Pas les moyens de relancer son économie

Alors que les pays développés dépensent sans compter, l'Afrique "n'a pas les moyens financiers aujourd'hui de relancer son économie", a souligné le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire mardi sur RFI. Il a mis en garde contre le risque d'une "grande divergence économique entre le continent africain qui repartirait en arrière, alors que les Etats-Unis, l'Europe et l'Asie repartiraient fort".

Or les Etats africains ont aussi besoin d'argent pour financer la lutte anti-terroriste, alors que "l'épicentre du terrorisme s'est déplacé du Moyen-Orient en Afrique".

Un entretien bilatéral entre le président français et celui du Mozambique est d'ailleurs prévu en marge du sommet mardi matin, pour aborder notamment la situation dans le nord du pays, aux prises avec une guérilla djihadiste.

Recours aux droits de tirage spéciaux du FMI

Pour aider les pays africains sans alourdir leur dette, une idée est de recourir aux droits de tirage spéciaux (DTS), en quelque sorte à la planche à billets du FMI. Ces DTS peuvent être convertis en devises par les pays et dépensés, sans créer de dette.

Si le principe d'une émission globale de DTS de 650 milliards de dollars est acquis, reste à savoir ce qui sera alloué aux pays africains. En effet, ces DTS sont répartis en fonction des quotes-parts de chaque pays au FMI: le plus gros va donc aux pays les plus riches. Sur le papier, l'Afrique ne bénéficierait que de 34 milliards de dollars.

D'où la discussion qui va s'engager sur une réallocation par les pays développés de leurs précieux DTS aux pays les plus pauvres, en plus des débats sur une restructuration des dettes existantes. Sans compter les divers plans d'aide, bilatéraux ou multilatéraux, orchestrés par les organisations internationales, sous condition de réformes.

afp/aq

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La France efface l'ardoise du Soudan pour lui permettre de réussir sa transition

La France va annuler la totalité de sa créance vis-à-vis du Soudan afin de libérer ce pays engagé dans une transition démocratique du "fardeau de la dette", a annoncé lundi le président Emmanuel Macron.

En ce qui concerne la France, "nous sommes en faveur d'une annulation pure et simple de notre créance envers le Soudan" qui s'élève à "près de 5 milliards de dollars", a-t-il dit en conclusion d'une Conférence internationale destinée à permettre à ce pays longtemps au ban de la communauté internationale de réintégrer "le concert des nations".

"Le peuple soudanais n'oubliera pas" ce geste de la France, qui "ouvrira la voie à tous les autres créanciers du Soudan", l'a remercié le président soudanais Abdel Fattah Al-Burhan.

Exsangue, le Soudan ploie sous une dette de près de 60 milliards de dollars, détenue à près de 40% par le Club de Paris.

Le Togo obtient 240 millions de dollars d'aide du FMI

Le Togo va bénéficier d'une aide supplémentaire de 240 millions de dollars du Fonds monétaire international (FMI), a annoncé mardi son président Faure Gnassingbé, qui participe au Sommet sur le financement des économies africaines à Paris.

Le pays, qui a réussi à dégager une croissance de 1,8% en 2020 malgré la pandémie, "est en discussion avancée avec ses partenaires internationaux pour mobiliser de nouveaux financements", selon un communiqué de la présidence.

Il avait déjà bénéficié à deux reprises, en avril et octobre 2020, d'une aide d'urgence du Fonds sous la forme d'un allégement de dette, destiné à aider 28 pays, en grande majorité africains, à financer leurs dépenses prioritaires.