Dès le début d'application de la trêve à 02H00 locales (jeudi à 23H00 GMT), des milliers de Palestiniens ont célébré dans les rues de Gaza la fin des bombardements israéliens. Les manifestations de joie ont également touché des villes de Cisjordanie et Jérusalem-Est occupées.
"Ceci est l'euphorie de la victoire", a lancé à la foule Khalil al-Hayya, un ténor du mouvement islamiste Hamas au pouvoir dans l'enclave de Gaza, promettant de "reconstruire" les maisons détruites par les raids israéliens.
A partir de "02H00, aucun tir n'a été détecté et les avions (de l'armée) sont retournés à leurs bases", a indiqué l'armée israélienne.
Cet accord a été favorisé par l'Egypte, puissance régionale entretenant à la fois des relations avec Israël et le Hamas, mouvement considéré comme "terroriste" par l'Etat hébreu, l'Union européenne et les Etats-Unis.
"Trêve inconditionnelle"
Le cabinet de sécurité israélien a indiqué jeudi soir avoir voté à l'unanimité en faveur d'une trêve "mutuelle et inconditionnelle" à Gaza sur proposition egyptienne.
Dans la bande de Gaza, le Hamas, mais aussi le Jihad islamique, second groupe islamiste armé de l'enclave, ont confirmé l'entrée en vigueur de cette trêve dès 2h du matin vendredi (1h en Suisse).
"Pour le moment, c'est juste un cessez-le-feu, c'est un script qui se répète, comme déjà en 2008. Il n'y a pas de plan pour la suite", souligne Riccardo Bocco, professeur de sociologie politique à la IHEID, dans La Matinale vendredi.
"Chacun sort vainqueur dans son camp: Israël a infligé des dégâts substantiels à Gaza, en tuant une quinzaine de haut responsables du Hamas. Et le Hamas s'est repositionné comme leader du peuple palestinien alors que l'Autorité palestinienne n'a rien fait de son côté", analyse l'expert.
Les raids aériens et les tirs d'artillerie sur l'enclave palestinienne ont fait en 11 jours au moins 232 morts côté palestinien, dont 65 enfants ainsi que des combattants, et 1900 blessés, selon les autorités à Gaza. En Israël, 12 personnes, dont un enfant et une adolescente ainsi qu'un soldat, ont péri dans les tirs de roquettes et 355 ont été blessées, selon la police.
Le cessez-le-feu a été annoncé après une réunion du cabinet de sécurité israélien dirigée par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a "accepté à l'unanimité" l'initiative égyptienne de "cessez-le-feu bilatéral sans condition".
L'Egypte en méditatrice
Dans la foulée, le Hamas et le Djihad islamique - autre groupe armé palestinien de Gaza - ont confirmé un accord de trêve par le biais des "frères égyptiens".
"La résistance palestinienne respectera cet accord aussi longtemps que l'occupation le respectera", a indiqué le Hamas en allusion à l'occupation par Israël du territoire palestinien de Cisjordanie et du secteur palestinien de Jérusalem depuis 1967. L'armée israélienne, qui s'est retirée unilatéralement de Gaza en 2005 après près de 40 ans d'occupation, soumet l'enclave pauvre de deux millions d'habitants à un blocus depuis près de 15 ans.
Le 10 mai, le Hamas avait tiré des salves de roquettes vers Israël en "solidarité" avec les centaines de Palestiniens blessés lors d'affrontements avec la police israélienne à Jérusalem-Est. A l'origine de ces heurts, la menace d'expulsion de familles palestiniennes au profit de colons israéliens dans un quartier de la ville sainte.
25 hauts responsables du Hamas tués
Après les tirs de roquettes palestiniens, Israël a lancé une opération visant à "réduire" les capacités militaires du Hamas en multipliant les frappes aériennes contre ce micro-territoire.
L'armée a annoncé, dans un "résumé" de son opération, avoir tué "25 haut responsables du Hamas" dans ses raids et avoir détruit plus de 100 km de tunnels et des dizaines d'immeubles servant selon elle "d'infrastructures aux activités terroristes du Hamas".
D'après elle, le Hamas et le Djihad islamique ont lancé plus de 4300 roquettes vers Israël, des tirs d'une intensité inégalée contre l'Etat hébreu. Plus de 90% ont été interceptées par le système anti-missiles israélien.
vic/kkub avec les agences
Joe Biden salue l'accord conclu
Le président américain Joe Biden a salué jeudi soir le cessez-le-feu conclu entre Israël et les combattants du Hamas. Il a promis que les États-Unis aideraient Gaza en fournissant une aide humanitaire.
Lors d'une brève allocution à la Maison Blanche, il a également déclaré que les États-Unis allaient réapprovisionner le système de défense antimissile israélien, le "Dôme de fer", qui a permis à Israël de repousser la grande majorité des roquettes tirées par le Hamas.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken se rendra au Proche-Orient "dans les prochains jours" pour y rencontrer ses homologues "israélien, palestinien et régionaux" et "travailler ensemble à la construction d'un avenir meilleur pour les Israéliens et les Palestiniens", a annoncé le département d'Etat.
Berlin appelle à s'attaquer aux "causes profondes"
Berlin a emboîté le pas à Washington en saluant vendredi le cessez-le-feu entré en vigueur entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, mais veut désormais "s'attaquer aux causes profondes" du conflit, a déclaré le chef de la diplomatie allemande.
"C'est bien qu'un cessez-le-feu intervienne" et qu'il n'y ait "plus de victimes", s'est réjoui sur Twitter Heiko Maas, tout juste rentré d'une visite en Israël et dans les territoires palestiniens. Il a adressé un "grand merci à l'Egypte pour sa médiation" et appelé à "s'attaquer aux causes profondes du conflit" pour "trouver une solution" au Proche-Orient.
L'UE applaudit le cessez-le-feu, appelle à une solution politique
L'Union européenne également s'est réjouie vendredi du cessez-le-feu entré en vigueur entre Israël et le Hamas, et s'est engagée à soutenir les efforts en vue d'une "solution politique" à long terme.
"L'Union européenne se félicite du cessez-le-feu annoncé mettant fin à la violence à Gaza et dans ses environs. Nous félicitons l'Égypte, le Qatar, les Nations unies, les États-Unis et d'autres qui ont joué un rôle de facilitateur à cet égard", a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell dans un communiqué.
"Nous sommes consternés et regrettons les pertes de vies humaines de ces 11 derniers jours. Comme l'UE n'a cessé de le répéter, la situation dans la bande de Gaza est depuis longtemps intenable", a-t-il ajouté.
"Seule une solution politique apportera une paix durable et mettra fin une fois pour toutes au conflit israélo-palestinien. Rétablir un horizon politique vers une solution à deux États reste de la plus haute importance", a souligné le chef de la diplomatie européenne.
Pékin salue et promet de l'aide humanitaire
La Chine de son côté a également salué vendredi le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, et a annoncé l'envoi d'une aide humanitaire à destination des Palestiniens.
"La Chine salue le cessez-le-feu entre les deux parties et espère que les deux camps respecteront sérieusement le cessez-le-feu et la fin des violences", a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian.
La Chine s'est également engagée à envoyer une aide d'urgence d'un million de dollars aux Palestiniens, puis un deuxième don du même montant à destination de l'UNRWA, l'agence onusienne d'aide aux réfugiés. La Chine va aussi expédier 200'000 doses de vaccins contre le Covid-19 aux Palestiniens.