L'île de Tinos dans les Cyclades est une petite île aux côtes dentelées. Le projet d'implantation d'éoliennes sur ses crêtes suscite une mobilisation très forte.
"C'est la personnalité de l'île qui sera détruite. On dit que Tinos est une île brodée à la main, plus rien n'existera avec ces monstres. Cela ne s'intègre pas du tout avec les petits villages de l'île. Tout ici est à échelle humaine", explique au 12h30 de la RTS Georiga, une professeure de musique qui milite contre les éoliennes.
Cette mobilisation est très réprimée, comme en témoigne une habitante de Tinos qui refuse de donner son nom: "Ils poursuivent les personnes qui escaladent les crêtes des montagnes, les emmènent au commissariat pour dépositions et interrogatoires. Il y a une peur qui s'est installée."
Attirer des investissements
Les îles grecques sont les points les plus venteux d'Europe, d'où cette déferlante de parcs d'énormes éoliennes sur mer et sur terre, parfois hautes de 175 mètres.
Chaque île ne sera rien d'autre qu'un pot de fleur d'asperges métalliques.
Pour le gouvernement, il s'agit de prendre le virage de l'énergie alternative et d'attirer les investissements. Pour les opposants au projet, comme l'avocat spécialiste de procès environnementaux Georgos Christoforides, il s'agit d'une "catastrophe écologique majeure".
"Sur les îles grecques qui sont mondialement reconnues comme une destination touristique des plus prisées, si le projet de construire 100 à 200 éoliennes sur chaque île se concrétise, alors chacune ne sera rien d'autre qu'un pot de fleur d'asperges métalliques. Et ils auront détruit de façon irrémédiable leur fragile écosystème insulaire", désespère Giorgos Christoforidis.
Oasis de faune et flore
Baptisé les Galapagos de la Méditerranée et classé Natura 2000, un archipel de quatorze îlots dans le sud de la mer Égée est davantage menacé, car inhabité. Il constitue une oasis de faune et flore unique, et sert de station pour oiseaux migrateurs, qui seront voués à la mort si le projet voit le jour, selon les opposants.
Sur ces îles ultra protégées par la loi, 108 éoliennes seraient reparties sur 70 kilomètres de béton, auxquelles viendraient s'ajouter quatre ports et héliports. Malgré les nombreuses études environnementales négatives, le gouvernement conservateur maintient ce projet.
Angélique Kourounis/asch