La cheffe de file de l'opposition biélorusse en exil Svetlana Tikhanovskaïa a appelé mardi les Etats-Unis et le G7 à l'action contre le régime d'Alexandre Loukachenko. Les autorités de Minsk sont accusées d'avoir dérouté un vol commercial Ryanair Athènes-Vilnius sur Minsk à cause d'une prétendue alerte à la bombe.
Il s'agissait de pouvoir arrêter Roman Protassevitch, un journaliste biélorusse d'opposition, qui était à bord. Sa compagne, une ressortissante russe, a également été arrêtée.
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Après un entretien avec le conseiller américain à la sécurité nationale Jake Sullivan, Svetlana Tikhanovskaïa a appelé sur Twitter "les Etats-Unis à isoler le régime et à faire pression avec des sanctions". La candidate à la présidentielle d'août 2020 a aussi réclamé, dans un message publié sur Telegram, "la participation des forces démocratiques biélorusses au G7" prévu du 11 au 13 juin au Royaume-Uni.
Elle encore souhaité également la tenue "cet été d'une conférence internationale de haut niveau pour résoudre la crise" en Biélorussie.
Réaction immédiate de l'UE
Les dirigeants de l'UE ont décidé lundi soir de fermer leur espace aérien à la Biélorussie et d'adopter un nouveau train de sanctions contre le régime d'Alexandre Loukachenko.
Ils ont aussi recommandé aux compagnies européennes de contourner l'espace aérien du pays, a indiqué le porte-parole du président du Conseil européen Charles Michel.
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Un "événement scandaleux", selon l'ONU
Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et les Nations unies ont également exigé la libération immédiate du jeune opposant. Le président Joe Biden a condamné un "événement scandaleux". Pour l'ONU, Roman Protassevitch a été victime d'un "transfèrement illégal". Elle a dit mardi à Genève vouloir obtenir des garanties sur la sécurité du jeune homme.
L'OTAN, qui veut comme l'UE une "enquête internationale", va réunir mardi ses ambassadeurs pour discuter de la situation. Son secrétaire général Jens Stoltenberg a fustigé "un incident grave et dangereux".
Appelant lui aussi à la "libération immédiate" de Roman Protassevitch, le Premier ministre britannique Boris Johnson a jugé la vidéo diffusée par les autorités biélorusses "très pénible à regarder".
L'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), organisme dépendant des Nations unies, a convoqué une réunion d'urgence pour jeudi matin. L'atterrissage forcé "pourrait être une violation de la Convention de Chicago", qui protège la souveraineté de l'espace aérien des nations, a-t-elle estimé.
Des accusations "sans fondement", selon Minsk
Pour les autorités biélorusses, les accusations européennes sont "sans fondement". Minsk assure avoir agi dans la légalité en interceptant ce vol commercial après avoir reçu une menace de l'organisation palestinienne Hamas. Elles ont dit à l'équipage du vol Ryanair que leur avion était piégé et lui ont "recommandé" de se poser à Minsk, selon la transcription des échanges entre le pilote et la tour de contrôle publiée mardi.
"Nous avons des informations des services spéciaux disant qu'une bombe est à bord et qu'elle peut être activée au-dessus de Vilnius", indique cette transcription en anglais. "Pouvez-vous répéter ce message?", répond le pilote, qui se voit ensuite confirmer la même information.
Lors de l'échange, le contrôleur précise que l'indication sur la présence d'une bombe a été envoyée "par e-mail" et que ce message a été partagé avec "plusieurs aéroports".
Le patron de Ryanair, Michael O'Leary, a pour sa part déploré un acte de "piraterie" et affirmé que des agents des services de sécurité bélarusses, le KGB, ont pu se trouver à bord du Boeing dérouté.
afp/oang
Des compagnies renoncent à survoler la Biélorussie
Singapore Airlines a annoncé à son tour mardi qu'elle modifiait la trajectoire de ses vols pour éviter de survoler la Biélorussie. Air France avait annoncé un peu plus tôt la même décision, de même que KLM et Finnair, conformément à une recommandation de l'UE.
Lufthansa, SAS ou encore AirBaltic avaient déjà suspendu tout survol du pays lundi.
Près de 2000 appareils effectuant des vols commerciaux empruntent chaque semaine l'espace aérien de la Biélorussie, a précisé l'organisation Eurocontrol.
La compagnie biélorusse Belavia assure pour sa part une vingtaine de vols chaque jour au départ ou à destination d'aéroports de l'UE.
Sept dirigeants d'opposition condamnés
Le dirigeant de l'un des partis d'opposition biélorusses, Pavel Severinets, et six autres militants ont été condamnés mardi à des peines allant de quatre à sept ans de prison, ont indiqué des journalistes présents à l'audience.
Tous étaient été jugés depuis la mi-mai à Moguilev, dans l'est du pays, pour avoir participé "à des troubles massifs", référence au vaste mouvement de contestation post-électoral de 2020, réprimé par le régime du président Alexandre Loukachenko.