Assimi Goïta a aussi indiqué, dans une déclaration lue à la télévision publique par un collaborateur en uniforme, que "le processus de transition suivra son cours normal et que les élections prévues se tiendront courant 2022".
Le colonel Goïta, à la tête des putschistes qui avaient renversé le président élu Ibrahim Boubacar Keïta le 18 août 2020, a reproché au président Bah Ndaw et au Premier ministre Moctar Ouane d'avoir formé un nouveau gouvernement sans se concerter au préalable avec lui, bien qu'il soit en charge de la défense et de la sécurité, domaine cruciaux dans le pays en pleine tourmente.
Violation de la charte de transition
"Une telle démarche témoigne d'une volonté manifeste du président de la transition et du Premier ministre d'aller vers une violation de la charte de transition (...), d'où une intention avérée de sabotage de la transition", a-t-il dit. La charte, grandement rédigée par les colonels, est un texte référence de la transition censée ramener des civils au pouvoir.
Le colonel Goïta dit s'être vu "dans l'obligation d'agir" et de "placer hors de leurs prérogatives le président et le Premier ministre ainsi que toutes les personnes impliquées dans la situation".
Conduits dans un camp militaire
Le président Bah Ndaw et le Premier ministre Moctar Ouane ont été arrêtés lundi et conduits au camp militaire de Kati, haut lieu de l'appareil de Défense, après avoir formé un nouveau gouvernement à la suite de la démission du précédent au bout de quelques mois d'exercice seulement.
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afp/jpr
Le président de l'UA exige la libération immédiate des dirigeants
Le président en exercice de l'Union africaine (UA), le président congolais Félix Tshisekedi Tshilombo, a exigé mardi la "libération immédiate et inconditionnelle" des dirigeants de la transition arrêtés par les militaires au Mali et "condamne fermement toute action visant à déstabiliser le Mali".
Il appelle également "tous les acteurs de la transition politique malienne à la retenue ainsi qu'au respect de la Constitution", selon un communiqué.
La Suisse "préoccupée"
La Suisse a exprimé sa "préoccupation" sur la situation au Mali. Dans une prise de position publiée sur Twitter, le Département fédéral des affaires étrangères demande la libération immédiate du président et du premier ministre maliens, ainsi que le respect de la feuille de route de transition.
La Confédération appelle "l'ensemble des acteurs au dialogue, au respect des droits de l'homme, à la garantie de la démocratie et de l'état de droit". Elle continue à se tenir à la disposition des parties avec son expertise dans le domaine de la paix.
Paris, Berlin et Londres condamnent
"Un coup d'Etat inacceptable": les dirigeants européens ont "condamné avec la plus grande fermeté l'arrestation du président du Mali et de son Premier ministre", a déclaré mardi Emmanuel Macron à l'issue d'un sommet européen. La France demande une réunion d'urgence au Conseil de sécurité de l'ONU. "Nous sommes prêts, dans les prochaines heures, si la situation n'était pas clarifiée, à prendre des sanctions ciblées" contre les protagonistes, a affirmé le président français.
L'Allemagne a appelé mardi à la "libération immédiate" du président malien Bah Ndaw et de son Premier ministre Moctar Ouane, estimant que l'arrestation des dirigeants de la transition "envoyait un signal catastrophique" au peuple malien et à la communauté internationale: "Nous condamnons fermement ces actes", a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, dans un communiqué.
Londres a appelé à la "reprise" du processus de transition: "Le Royaume-Uni condamne l'arrestation du président, du Premier ministre et d'autres membres du gouvernement au Mali. Nous appelons à la libération immédiate, sûre et inconditionnelle de tous ceux qui ont été arrêtés", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué, se disant "très préoccupé" par le risque "que les événements récents ne minent les efforts en cours pour restaurer l'ordre (constitutionnel) dans les temps impartis".