Cette rencontre aura lieu dans la foulée des réunions des dirigeants du G7 et de l'Otan, au Royaume-Uni et en Belgique, qui feront la part belle au front commun anti-Moscou. Joe Biden affiche, depuis son arrivée au pouvoir le 20 janvier, une grande fermeté à l'égard de la Russie, désireux de marquer la rupture avec son prédécesseur Donald Trump, accusé de complaisance à l'égard du maître du Kremlin.
Mais le président démocrate martèle aussi sa volonté de dialogue. S'il promet de punir à nouveau la Russie "si elle continue d'interférer dans notre démocratie", il assure ne pas vouloir "déclencher un cycle d'escalade et de conflit".
Du côté de la Suisse, on ne cache pas son enthousiasme (lire encadré ci-dessous). Pour la présidente du gouvernement genevois Anne Emery-Torracinta, invitée sur les plateaux de Forum et du 19h30, ce sommet entre la Russie et les Etats-Unis est une véritable aubaine pour son canton et pour la Suisse.
"C'est une fierté, car c'est reconnaître l'importance de la Genève internationale, mais aussi le rôle de la Suisse, dans ces bons offices. Un rôle qui a été un peu oublié en raison de la crise sanitaire", souligne-t-elle, rappelant que la vocation internationale de Genève est inscrite dans sa constitution.
Les questions urgentes
"Les dirigeants aborderont un ensemble de questions urgentes, au moment où nous souhaitons rendre les relations entre les Etats-Unis et la Russie plus stables et prévisibles", a souligné mardi sa porte-parole Jen Psaki en annonçant la date de ce sommet très attendu.
Cette annonce intervient le jour même où l'opposant russe emprisonné Alexeï Navalny a dit être visé par trois enquêtes criminelles, la pression s'accentuant depuis plusieurs semaines contre son mouvement et ses partisans.
De source américaine, on insiste sur le fait qu'une rencontre avec Vladimir Poutine n'est en aucun cas une récompense pour ce dernier mais la façon la plus efficace de gérer les relations entre les deux pays, qui sont difficiles et devraient le rester.
Biélorussie, Ukraine, Syrie
A l'occasion de cette rencontre, Joe Biden entend en particulier évoquer le régime d'Alexandre Loukachenko en Biélorussie, dont Moscou est le principal soutien.
Le pays est de plus en plus isolé avec l'entrée en vigueur de restrictions contre son espace aérien, en représailles contre Minsk, accusé d'avoir détourné un avion de ligne européen pour arrêter un opposant à bord.
>> Lire aussi : L'UE isole l'espace aérien biélorusse après le déroutement d'un avion
Au pouvoir depuis 1994, le régime d'Alexandre Loukachenko est déjà ciblé par de multiples sanctions occidentales pour avoir durement réprimé un mouvement de contestation inédit qui a vu des dizaines de milliers de personnes défiler dans les rues en 2020 suite à la présidentielle d'août, jugée "truquée" par les Européens.
Arsenal nucléaire
Toujours de source américaine, on précise que la question du contrôle des armes nucléaires figurera en bonne place dans les discussions.
Début février, les Etats-Unis et la Russie ont prolongé le traité de désarmement New Start pour cinq ans. Signé en 2010, l'accord limite les arsenaux à un maximum de 1550 ogives déployées pour chacun de ces deux pays, soit une réduction de près de 30% par rapport au plafond précédent fixé en 2002.
L'Ukraine, les programmes nucléaires de l'Iran et de la Corée du Nord, l'Arctique, le changement climatique ou encore la Syrie feront également partie des discussions lors de ce sommet.
ats/fgn
Ravie, la Suisse renoue avec les grands sommets
La Suisse se réjouit d'accueillir le sommet entre les présidents américain Joe Biden et russe Vladimir Poutine. Le président de la Confédération Guy Parmelin s'est dit mardi sur les réseaux sociaux "très heureux" et a souhaité "que les discussions soient fructueuses pour les deux pays et la communauté internationale.
Un enthousiasme partagé par le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis, qui n'avait pas caché sa volonté de faciliter cette rencontre en Suisse. "La Suisse s'engage pour le dialogue", a-t-il affirmé, également sur les réseaux sociaux.
Il faut dire que cette rencontre attendue entre Joe Biden et Vladimir Poutine permet à la Suisse de retrouver l'organisation d'un sommet de premier plan, plus de 35 ans après la rencontre légendaire entre Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev à Genève.
En 1985, cette première réunion entre le président américain d'alors et le dirigeant de l'Union soviétique avait enclenché le début de la fin de la Guerre froide. D'autres suivront dans d'autres pays et il faudra six ans avant que le dirigeant de l'Union soviétique ne soit déposé et son pays avec lui.
Sous la houlette du président de la Confédération Kurt Furgler, qui vantait déjà les mérites de la Genève internationale, la Suisse frappait alors un grand coup. Elle "a été depuis longtemps un leader dans la recherche de la paix", avait dit Ronald Reagan.