Ce détournement, dimanche, du vol Athènes-Vilnius de Ryanair a permis au président biélorusse d'arrêter un journaliste-opposant ainsi que sa compagne. Une décision qui suscite l'ire de la communauté internationale.
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On ignore d'où viennent ces accusations qui pointent la Suisse, si ce n’est de la bouche d’Alexandre Loukachenko, qui s'exprimait mercredi matin devant son Parlement. Il n’a pas donné davantage de détails. Mais en affirmant avoir été prévenu de la présence d’une bombe à bord de l’appareil par un message envoyé depuis la Suisse, il a fait le bonheur des internautes.
"Le fameux Hamas suisse", s’étonne l’un d’eux non sans ironie, allusion aux premières déclarations des autorités biélorusses. Elles avaient en effet imputé dimanche le message d’avertissement au Hamas, le mouvement islamique palestinien.
Démolition des accusations
Dans son allocution, Alexandre Loukachenko s’est livré à une démolition en règle des accusations dont il est l’objet depuis dimanche. Il a souligné que Roman Protassevitch et sa compagne Sofia Sapega, tous deux incarcérés à Minsk, travaillaient pour des services spéciaux, sans préciser lesquels.
Alexandre Loukachenko a encore déclaré n’avoir fait que défendre la population, considérant les remontrances de Washington et de l’Union européenne comme des attaques dépassant les limites de l’entendement et de la morale humaine.
La Confédération nie toute implication
Interrogé par la RTS, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) nie tout implication. "Les autorités suisses n’ont aucune connaissance d’une alerte à la bombe sur le vol Ryanair Athènes-Vilnius. Il n’y a donc pas eu d’annonces des autorités suisses à ce sujet aux autorités biélorusses", a fait savoir le DFAE dans une brève réponse.
Le porte-parole du Conseil fédéral André Simonazzi a de son côté affirmé devant la presse que le gouvernement "condamne fermement cette action" et demande une enquête internationale approfondie sur cet incident.
Jean-Didier Revoin/jpr
La Russie cautionne la version de la Biélorussie
Le Kremlin a affirmé mercredi n'avoir aucune raison de douter des explications de la Biélorussie qui soutient avoir dérouté un avion uniquement à cause d'une alerte à la bombe et non pour arrêter un opposant à bord.
"Le Kremlin ne voit pas de raisons de ne pas croire les déclarations des dirigeants biélorusses", a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, une position contraire à celles des Européens et des Etats-Unis qui accusent Minsk d'une mise en scène pour incarcérer un détracteur du régime.
L'EASA appelle à éviter l'espace aérien biélorusse
Les compagnies aériennes doivent éviter l'espace aérien de la Biélorussie, a recommandé l'Agence européenne de sécurité aérienne (EASA) après l'interception d'un avion de ligne, une action qui a selon elle fait peser "un risque accru pour la sécurité du vol".
"Les circonstances entourant cette action jettent de sérieux doutes sur le respect par la Biélorussie des règles de l'aviation civile internationale", estime le régulateur européen dans un bulletin d'information sur la sécurité adressé mardi aux transporteurs aériens.