Feu vert à la vaccination des 12-15 ans au sein de l'Union européenne

Une vaste étude clinique était en cours pour évaluer l'innocuité et l'efficacité du vaccin de Pfizer/BioNTech chez les 12-15 ans puis l'élargissement de son autorisation de mise sur le marché à cette tranche d'âge.

Les trois autres vaccins validés à ce stade par l'EMA - ceux d'AstraZeneca, de Janssen, filiale de Johnson & Johnson, et de Moderna - sont à l'heure actuelle réservés aux adultes, voire seulement à certaines catégories les plus âgées.

Le vaccin est "bien toléré" par les jeunes et il n'y a "pas d'inquiétudes majeures" concernant d'éventuels effets secondaires, a déclaré lors d'une conférence de presse Marco Cavaleri, responsable de la stratégie vaccinale de l'EMA.

Le vaccin est déjà largement utilisé pour cette tranche d'âge aux Etats-Unis et au Canada. L'Allemagne avait annoncé jeudi son intention d'ouvrir le 7 juin la vaccination contre le Covid-19 aux mineurs de plus de 12 ans, sous réserve de l'autorisation du régulateur européen.

Annonce attendue en Suisse

En Suisse, le vaccin devrait être bientôt autorisé aussi pour les enfants et les adolescents à partir de 12 ans, selon Patrick Mathys, chef de la section Gestion de crise et collaboration internationale de l'OFSP. Swissmedic pourrait donner son feu vert prochainement. La Commission fédérale pour les vaccinations (CFV) élaborera ensuite les recommandations et l'OFSP informera les cantons.

L'annonce de l'EMA était de ce fait très attendue du côté des autorités sanitaires suisses, dont le but est d'atteindre l'immunité collective. Car tel est le principal enjeu de la vaccination concernant les enfants: protéger leurs parents et la population dans son ensemble.

Pour rappel, les enfants ne développent que très rarement des formes graves de la maladie, mais par contre ils jouent un rôle non négligeable dans la propagation du virus.

Invité sur le plateau du 19h30 ce vendredi, Mauro Poggia, ministre genevois en charge de la Santé, assure en tout cas qu'à Genève tout est prêt pour pouvoir vacciner les adolescents. "Nous avons les structures nécessaires pour le faire. Il s'agit maintenant d'avoir le feu vert. Mais le politique n'a pas à donner son avis. Si les scientifiques démontrent qu'il y a un intérêt, on le fera", explique-t-il. "Surtout en vue de la prochaine rentrée scolaire. On a intérêt que nos classes de referment pas."

>> Les explications de Maruo Poggia dans le 19h30 :

>> Lire aussi : La vaccination contre le Covid-19 en chiffres et en cartes

Deux points bénéfiques

Parmi les bénéfices pour les enfants au niveau individuel, on peut mentionner tout d'abord le syndrome inflammatoire multisystémique, une forme grave de l'infection au SARS-Cov-2, qui reste toutefois très rare, puisqu'elle touche seulement un enfant sur mille.

Pour de nombreux spécialistes, ce syndrome représente quand même un risque: 70 cas ont déjà été rapportés en Suisse et l'idée est d'éviter de nouvelles hospitalisations si de nouvelles vagues devaient toucher la population.

Comme autre bénéfice à se faire vacciner pour les enfants, il y a également le "Covid long", qui toucherait 13 à 15% des enfants infectés et qui vient alourdir chez les jeunes ce fardeau de la maladie.

Tels sont les arguments qui ont fait pencher la balance des autorités européennes en faveur d'une vaccination des 12-15 ans.

>> Les précisions de Forum :

Pas de données pour les plus jeunes

La vaccination n'est pas étendue en dessous de 12 ans parce que l'on n'a pas assez de données concernant cette tranche d'âge. Les laboratoires Pfizer-BioNtech ont été très rapides dans leurs études cliniques sur les plus de 12 ans: leur vaccin a déjà été homologué aux Etats-Unis, au Canada et en Israël. L'entreprise Moderna qui produit elle aussi un vaccin à ARN messager vient de publier également de bons résultats.

Mais les résultats pour les plus jeunes arriveront dans un deuxième temps, et il faudra à ce moment-là effectuer un calcul risque-bénéfice pour déterminer s'il y a vraiment un intérêt à vacciner les très jeunes enfants.

Ligne rouge à 12 ans?

"Qu'on puisse étendre la vaccination est en soi est une bonne nouvelle, la question étant toujours de soupeser le rapport risque/bénéfice", salue prudemment Claude Bertoncini, président du groupement des pédiatres vaudois, lors de son passage dans l'émission Forum vendredi. Les complications pour les adolescents sont quand même très rares, note-t-il, la mesure sert donc clairement à enrayer la circulation du virus plutôt qu'offrir une protection individuelle aux personnes concernées.

S'il se dit "assez favorable" à la vaccination des 12-15 ans, "mais pas absolument", c'est que d'autres facteurs peuvent également être considérés: "On peut par exemple se demander s'il ne faudrait pas réserver ces doses à des pays qui n'ont pas encore accès à ce vaccin", fait valoir Claude Bertoncini.

Mais pour le représentant des pédiatres vaudois, la vaccination des enfants de moins de 12 ans va clairement trop loin. "On doit rester crédible, avec des vaccins qui sauvent la vie des enfants. La circulation du virus est beaucoup moins intense chez les plus petits. Penser que vacciner les jeunes enfants va changer quelque chose à l'immunité collective est illusoire."

>> L'interview de Claude Bertoncini dans Forum :

Sophie Iselin/kkub avec afp