"Une tentative est en cours de déstabiliser la situation pour que celle-ci soit comme en août" 2020, où un mouvement de contestation du régime sans précédent a été déclenché dans le pays, a déclaré Alexandre Loukachenko au début de sa rencontre avec Vladimir Poutine à Sotchi, sur les rives de la mer Noire.
Cette entrevue était déjà prévue avant l'interception d'un avion de Ryanair dimanche en Biélorussie, qui vaut à cette dernière d'être accusée de "piraterie" aérienne par les Européens.
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Pour l'UE, qui a demandé dans la foulée aux compagnies aériennes de contourner la Biélorussie, l'alerte à la bombe n'était qu'une mise en scène pour arrêter un journaliste d'opposition voyageant à bord de cet avion.
Soutien russe
La Russie, qui considère son voisin de 9,5 millions d'habitants comme un "tampon" stratégique sur son flanc ouest, a apporté un soutien à cette ancienne république soviétique tout en rejetant les soupçons occidentaux sur sa propre complicité éventuelle dans l'interception de l'avion de Ryanair.
La rencontre entre les deux dirigeants vise à discuter notamment du "renforcement de l'intégration" économique entre les deux pays et des moyens de "réagir aux pressions extérieures", selon un communiqué de la présidence biélorusse.
"Nous sommes en train de construire une union" renforcée entre la Russie et la Biélorussie, a déclaré Vladimir Poutine. "Nous avançons de manière ferme dans cette direction (...) et ce travail apporte déjà des résultats concrets pour nos citoyens", a-t-il ajouté.
Les deux pays, qui font déjà officiellement partie d'une "union", discutent depuis plusieurs années d'une intégration plus poussée. Ce projet inquiète les opposants à Alexandre Loukachenko, qui soupçonnent le président biélorusse, au pouvoir depuis 27 ans, d'être prêt à brader une partie de la souveraineté de leur pays en échange du soutien de Moscou.
fgn avec les agences
L'UE prévoit jusqu'à 3 milliards d'euros d'aide à une future Biélorussie démocratique
Bruxelles a présenté vendredi un projet de soutien à la Biélorussie prévoyant jusqu'à 3 milliards d'euros d'aide au pays, en cas de transition démocratique quand Alexandre Loukachenko aura quitté le pouvoir.
Dans un communiqué, la Commission rappelle que l'UE a jugé "ni libre, ni équitable" l'élection présidentielle d'août 2020, qui a vu la réélection de Alexandre Loukachenko.
Reprise des manifestations annoncée en Biélorussie
Partie en exil en Lituanie après l'élection présidentielle, l'opposante Svetlana Tsikhanouskaïa a déclaré vendredi lors d'un déplacement aux Pays-Bas que les manifestations allaient reprendre et qu'une grève nationale était en préparation en Biélorussie pour dénoncer l'arrestation de Roman Protassevitch.
"Nous espérons que (les manifestations) vont se poursuivre et les travailleurs sont prêts pour une grève nationale", a-t-elle dit à des journalistes après un entretien avec le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte. "Les gens vont descendre à nouveau dans la rue."
Pour rappel, l'opposition était parvenue à organiser de vastes manifestations l'an dernier après l'annonce en août de la réélection d'Alexandre Loukachenko mais cette contestation s'est essoufflée sur fond de répression.