Les soldats américains en charge de l'arsenal nucléaire en Europe sont régulièrement soumis à des questionnaires de sécurité longs et détaillés. Cela les oblige à apprendre par coeur un grand nombre d'informations et d'acronymes.
En cherchant sur Google des acronymes utilisés par l'armée américaine associés au nom de bases militaires européennes connues pour abriter des missiles nucléaires, même si le gouvernement local ne l'a jamais reconnu, le site d'investigation Bellingcat a découvert des fiches de révision en ligne divulguant la localisation exacte des missiles et même s'ils étaient "actifs", c'est-à-dire s'ils étaient bien armés de têtes nucléaires.
Mots de passe et noms d'utilisateurs
Le gouvernement néerlandais n'a jamais reconnu officiellement que la base aérienne de Volkel, dans le sud-est du pays, abritait des armes nucléaires. Mais Bellingcat a trouvé 70 fiches de révision sur cette base. On y découvre qu'il y a 11 armatures de protection à Volkel, dont cinq sont "chaudes" (armées) et six "froides".
Une autre série de fiches de révisions révèle que sur la base militaire d'Aviano, en Italie, l'armature 27 de la zone "Tango Loop" abrite un missile "froid". Pire, un soldat a inscrit sur une de ces fiches en ligne les mots de passe et noms d'utilisateurs nécessaires pour désactiver les systèmes de sécurisation.
Fiches de révisions retirées
"Nous avons aussi pu trouver des détails sur (...) toutes les autres bases européennes qui sont connues pour abriter des armes nucléaires: Incirlik (Turquie), Ghedi (Italie), Büchel (Allemagne) et Kleine Brogel (Belgique)", note le site d'investigation. Bellingcat est connu pour avoir démasqué des agents du GRU, le renseignement militaire russe, et documenté l'usage d'armes chimiques par le gouvernement syrien.
Ces fiches remontent à 2012 et la plus récente a été mise en ligne en avril 2021, indique Foeke Postma, qui précise avoir tenté sans succès d'obtenir une réaction de l'Otan, du Pentagone et du commandement européen de l'armée américaine (Eucom) pour son article. Les fiches de révisions ont été retirées des applications peu après ses demandes de réactions.
ats/fgn