L'annonce par le gouvernement congolais samedi de l'éruption d'un petit volcan proche du Nyiragongo, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), était une "fausse alerte", a annoncé peu après ce même gouvernement.
"Fausse alerte sur Nyamuragira. Un avion vient de survoler toute la zone des flancs de ce volcan. Aucune éruption n'a été constatée", a indiqué sur twitter le ministère de la Communication, après avoir fait état d'une éruption de "faible intensité" sur un flanc nord de ce même volcan, voisin du Nyiragongo.
"Il s'est agi plutôt d'intenses activités de carbonisation du bois en charbon de bois dont la fumée a été perçue comme une activité du volcan", a expliqué le ministère. Des images aériennes filmées samedi matin du Nyamuragira montraient un cratère quasi inactif, d'où s'échappaient juste quelques vapeurs de fumée blanche.
Le Nyiragongo est situé à environ 25 kilomètres au nord de la ville de Goma, et ses coulées de lave se déversent toujours dans la partie nord du parc national des Virungas, épargnant généralement les zones habitées. La région de Goma est une zone d'intense activité volcanique, avec six volcans, dont le Nyiragongo et le Nyamuragira qui culminent respectivement à 3470 et 3058 mètres.
Au moins 34 décès
Le Nyiragongo – dont les coulées de lave menacent directement la ville de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu construite directement à ses pieds sur les rives du lac Kivu – était entré en éruption sans aucun signe précurseur samedi dernier. Deux immenses coulées de lave s'étaient échappées des flancs du volcan, dont l'une est venue s'immobiliser dans les faubourgs nord-est de Goma. Au moins 34 personnes ont trouvé la mort, entre 900 et 2500 habitations ont été détruites.
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Jeudi, face au risque de nouvelle éruption, voire d'apparition de lave dans la ville ou sous les eaux du lac, les autorités ont ordonné l'évacuation de la cité pour au moins deux semaines (lire encadré).
Au total, "80'000 ménages, soit environ 400'000 habitants, ont évacué la ville de Goma jeudi", ont annoncé les autorités de la province du Nord-Kivu.
Exode vers le Rwanda
Vendredi soir le président rwandais Paul Kagame, "très préoccupé" par la situation, a appelé à un "soutien mondial et urgent" face à la "crise humanitaire" causée notamment par l'exode de centaines de milliers de Congolais, y compris vers le Rwanda.
Quasi déserte au petit matin, la ville a retrouvé au fil des heures et par endroits une reprise d'activité, mais bien moins qu'à l'ordinaire dans cette agglomération habituellement grouillante de deux millions d'habitants, coincée entre les pentes noires du Nyiragongo et les rives du lac Kivu.
La plupart des magasins et commerces du centre-ville sont restés fermés. Balluchons sur la tête ou accrochés à l'arrière de taxi-motos surchargés, des familles ont continué à partir.
ats/afp/sjaq
Trois scénarios
Dans un dernier rapport samedi de l'Observatoire de volcanologie de Goma (OVG), 61 tremblements de terre se sont produits au cours des dernières 24 heures: des séismes qui sont "cohérents avec la poursuite du mouvement du magma dans le système des fissures du Nyiragongo vers le lac Kivu".
"Plusieurs sources d'informations confirment toujours la présence de magma sous le sol à Goma et sous l'extrémité nord du lac", selon ce document, qui liste trois scénarios pour les jours à venir: les séismes cessent et "le magma reste sous terre sans éruption"; "les séismes se poursuivent, mais la lave n'atteindra pas la surface"; et enfin le troisième scénario, "les tremblements de terre se poursuivent et la lave réapparaîtra soit sur la terre ferme, soit à l'extrémité du lac".
Une quatrième hypothèse, celle d'un "glissement de terrain ou un grand tremblement de terre déstabilisant les eaux profondes du lac et provoquant l'émergence de gaz dissous", est désormais jugée "beaucoup moins probable", mais "ne peut être exclue".