"Pendant la période soviétique, à la fin des années 80, Alexandre Loukachenko est le directeur d'un sovkhoze, une ferme collective. Il vient lui-même du monde rural (...) et il est d'ailleurs connu pour ses méthodes assez autoritaires", décrit Ronan Hervouet, professeur de sociologie à l'Université de Bordeaux et spécialiste de la Biélorussie. Il a notamment écrit "Le goût des tyrans: une ethnographie politique du quotidien en Biélorussie" (éd. du Bord de l'eau, 2020).
"En 1994, avant les élections, il s'est fait connaître comme la personne qui va lutter contre la corruption (...) Et c'est de cette manière qu'il devient le premier président élu démocratiquement de la République indépendante de Biélorussie. C'est la première et la dernière fois qu'il est élu démocratiquement", poursuit-il.
Alexandre Loukachenko s'est fait connaître comme la personne qui allait lutter contre la corruption.
Alexandre Loukachenko est souvent décrit comme "le dernier dictateur d'Europe", mais en est-il vraiment un? "On peut parler d'un autocrate. Il y a une verticale du pouvoir, il contrôle l'ensemble des directives et prend l'ensemble des décisions, qu'il impose. Il n'y a aucun contre-pouvoir", souligne Ronan Hervouet, qui précise que "la répression s'abat de manière cyclique, au moment des scrutins". La rapportrice de l'ONU sur les droits humains en biélorussie Anaïs Marin précisait d'ailleurs mercredi dans Forum que depuis le mois d'août 2020 et la réélection très contestée de Loukachenko, "plus de 35'000 personnes ont été détenues alors qu'elles participaient à des manifestations pacifiques."
Jessica Vial et l'équipe du Point J
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