Au premier abord, le camp de Ritsona est un camp où la vie est supportable. S'il n'y a pas d'école pour les 900 enfants du camp, les quelque 2000 demandeurs d'asile qui y vivent ont une douche avec de l'eau chaude dans chaque container d'habitation. Certains cultivent leur jardin. Et surtout, le camp est ouvert. Il n'y a pas de police à l'entrée et ils ont une liberté totale d'aller et venir.
"Nous ne sommes pas des prisonniers"
Leur liberté est cependant menacée par un mur de béton en construction qui, bientôt, encerclera le camp. "Quand il y a des murs, on sait qu'il y a de la sécurité", considère Denis, venu du Burkina Faso.
Mais tout le monde n'est pas de cet avis. De l'autre côté de la route, Mahamat Abbas, un Tchadien qui a obtenu son statut de réfugié, y est opposé: "Personnellement, je ne suis pas content. Faire ce mur, c'est nous enfermer. On a des problèmes dans notre pays, la guerre, mais nous ne sommes pas des prisonniers. On est libres actuellement et on aimerait rester comme ça", a-t-il témoigné au micro de la RTS.
"En été, la clé fera un tour dans la serrure"
Son souhait est partagé par Konstantinos Markidis, de l'association pro-migrants ARSI. Mais il n'y croit pas trop: "Sous prétexte de pandémie, les camps sont restés fermés tout l'été dernier pour donner les meilleures chances au tourisme. Les deux choses sont liées, évidemment. Cette année, c'est pareil. Chaque fois qu'on aura une bonne raison, et les bonnes raisons ne manqueront jamais en période d'été, la clé fera un tour dans la serrure. C'est aussi simple que cela", estime-t-il.
Ces accusations de bouclage des camps sont reprises par l'ensemble des ONG sur le terrain. Le bureau de presse du ministère du Tourisme grec affirme pourtant les ignorer: "Je ne suis pas au courant, c'est la première fois que j'entends ça", a-t-il répondu, joint par téléphone.
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La peur d'une nouvelle vague de migration
Le vice-ministre de l'Immigration Manos Logothetis donne, lui, une autre explication à la construction de ces murs: "C'est une belle manière de clôturer un espace. C'est efficace et ne crée pas l'impression de cage à lapins. Comme tout Etat sérieux, nous nous devons d'être préparés. Il n'est pas question qu'on se laisse surprendre à nouveau comme en 2015 par une vague de migration imprévue, sans aucune infrastructure appropriée", a-t-il déclaré.
L'Union européenne a accordé 370 millions d'euros à la Grèce pour de nouvelles infrastructures pour les réfugiés. L'appel d'offre pour construire ces camps fermés a été lancé vendredi. Les écoles dans les camps, elles, ferment les unes après les autres, faute de budget.
Sujet radio: Angélique Kourounis
Adaptation web: Vincent Cherpillod