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L'opposition russe dénonce une loi qui la cible en vue des élections

Une loi russe vise à limiter la marge de manoeuvre de l'opposition. [EPA - FACUNDO ARRIZABALAGA]
Elections en Russie: une loi ouvre la voie à l'exclusion d'opposants / La Matinale / 1 min. / le 3 juin 2021
L'opposition russe a dénoncé mercredi la multiplication des manoeuvres pour la neutraliser à l'approche des législatives de septembre à la suite d'arrestations et de l'adoption d'une loi contre les "extrémistes".

L'ancien dirigeant de l'organisation d'opposition russe Open Russia, Alexeï Pivovarov a été placé en détention provisoire mercredi. Quelques heures auparavant, la chambre haute du Parlement validait un texte qui interdit de candidature, toutes élections confondues, les personnes ayant collaboré avec des organisations "extrémistes et terroristes".

Partisans de Navalny visés

Cette législation, qui entrera en vigueur dès que Vladimir Poutine l'aura promulguée, est largement considérée comme visant les partisans de l'opposant incarcéré Alexeï Navalny.

Le parquet a demandé à la justice de classer "extrémistes" ses organisations, car elles chercheraient à "déstabiliser la situation sociale" en Russie "sous couvert de slogans libéraux". L'issue de cette procédure laisse peu de doutes: le réseau de bureaux régionaux de l'opposant a d'ores et déjà été jugé "extrémiste" par les services de surveillance financiers.

"Faire le ménage avant les législatives"

Les détracteurs du président russe ont dénoncé une volonté du Kremlin de faire le ménage avant les législatives du 19 septembre, à un moment où le parti au pouvoir, Russie Unie, est en recul dans les sondages, malgré la popularité de Vladimir Poutine, face à la stagnation économique et à des scandales de corruption.

La pression judiciaire est d'ailleurs montée d'un cran cette semaine pour d'autres opposants qu'Alexeï Navalny, qui est lui-même incarcéré depuis janvier et pour plus de deux ans. Lundi soir, les forces de l'ordre ont extirpé d'un avion prêt à décoller de Saint-Pétersbourg (nord-ouest) Andreï Pivovarov, l'ancien directeur de l'organisation Open Russia (Russie Ouverte) fondée par l'oligarque en exil et détracteur du Kremlin Mikhaïl Khodorkovski.

Placé en détention

Andreï Pivovarov, 39 ans, est accusé de "participation aux activités d'une ONG étrangère reconnue comme indésirable", un crime passible de six ans de prison. Il a été placé en détention mercredi au moins jusqu'au 31 juillet.

"Le Kremlin savait que je prévoyais de me présenter aux législatives, j'étais en négociation avec Iabloko", une formation d'opposition, a expliqué à la presse Andreï Pivovarov au cours d'une audience dans un tribunal de Krasnodar (sud-ouest).

Garde à vue

Autre affaire: mardi les autorités ont placé en garde à vue l'ex-député Dmitri Goudkov, 41 ans. Il est soupçonné par les enquêteurs d'"escroquerie ou abus de confiance" dans une affaire de loyers impayés, un délit passible de cinq ans de prison.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a soutenu mercredi que ces deux affaires n'avaient "aucun lien avec la politique".

afp/jpr

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Alexeï Navalny dénonce ces poursuites

Dans un message sur Instagram, Alexeï Navalny, 44 ans, a dénoncé des poursuites contre MM. Pivovarov et Goudkov. Selon lui, le Kremlin veut "effrayer tout le monde". "Ils (les dirigeants russes, ndlr) s'abreuvent de notre peur. Ne les nourrissez pas", a-t-il lancé.

Le mouvement de l'opposant Alexeï Navalny, victime en 2020 d'un grave empoisonnement dont il accuse le Kremlin, défend une stratégie équivalente dite du "vote intelligent" aux législatives. Il s'agit d'appeler les Russes à voter dans chaque circonscription pour le candidat le plus à même de vaincre le représentant du parti du Kremlin. Cette approche a déjà rencontré un certain succès à l'occasion d'élections locales.