Yaïr Lapid, qui avait jusqu'à 23h59, heure d'Israël (22h59 en Suisse) pour signifier au président qu'il avait réuni ces voix, a fait cette annonce après avoir rallié dans la soirée une majorité de 61 députés et députées sur les 120 à la Knesset, le Parlement israélien. Le centriste a su obtenir le soutien suffisant de partis de droite et la formation arabe israélienne Raam pour soutenir son futur gouvernement.
À la suite de tractations très suivies dans le pays par la population, son équipe a diffusé une image de cet accord de coalition signé par les chefs de huit partis israéliens -deux de gauche, deux de centre, trois de droite et un parti arabe- qui pourrait marquer un tournant dans l'histoire politique d'Israël.
Le message est donc tombé à 23h25 (heure locale) : Yaïr Lapid a informé le président qu'il avait "réussi à former un gouvernement". Et si celui-ci obtient le vote de confiance du Parlement, il pourrait mettre un terme à plus de deux ans de crise politique en Israël, avec à la clé trois élections n'ayant pas débouché sur un gouvernement stable.
Fervent partisan des colonies au pouvoir
Yaïr Lapid avait été chargé début mai de former un gouvernement, après l'échec de Benjamin Netanyahu à rallier un gouvernement de droite au terme des élections de mars, les quatrièmes en deux ans. Ses efforts étaient passés sous le radar après le regain de violences entre Palestiniens et Israéliens. Mais les pourparlers ont repris après cette escalade, et Yaïr Lapid a réussi à convaincre lundi le chef de la droite radicale Naftali Bennett de se lancer dans ce projet de gouvernement, avec à la clé un partage du pouvoir et une rotation à la tête du gouvernement.
Cela pourra donc être aussi la première fois qu'un homme de la droite dure, Naftali Bennett, réussit à devenir premier ministre à la place de Benjamin Netanyahu. Une surprise : en 2019, ce businessman millionnaire, ancien commando et un fervent partisan des colonies, n’avait même pas réussi à entrer au Knesset, et sa carrière politique était donnée pour morte.
Aujourd’hui, il réussit un coup de force en remplaçant Netanyahu alors qu’il n’a gagné que 6 sièges sur 120. Mais beaucoup d'Israéliens de la droite dure ne lui pardonneront pas. Lui et sa colistière sont déjà sous protection policière après avoir reçu des menaces de mort.
Premier soutien d'un parti arabe israélien en près de 30 ans
Ce nouveau gouvernement aura beaucoup de défis à relever. La dernière fois qu'un parti arabe israélien avait soutenu - sans toutefois y participer - un gouvernement remonte à 1992 à l'époque du "gouvernement de la paix" de Yitzhak Rabin. Cette fois la formation arabe islamiste Raam dirigée par Mansour Abbas a officiellement signé un accord de coalition sans indiquer à ce stade si elle participerait activement au gouvernement.
"Ce gouvernement sera au service de tous les citoyens d'Israël incluant ceux qui n'en sont pas membres, respectera ceux qui s'y opposent, et fera tout en son pouvoir pour unir les différentes composantes de la société israélienne", a déclaré Yaïr Lapid au président Rivlin, selon le communiqué.
Et d'ajouter sur sa page Facebook: "j'ai réussi", selon la formule consacrée en hébreu.
Ce futur gouvernement excluant le Likoud de Benjamin Netanyahu, au pouvoir depuis 12 ans sans discontinuer, doit encore faire l'objet d'un vote de confiance du Parlement en principe au cours de la prochaine semaine. Le parti de droite et ses avocats sont à la manoeuvre pour tenter d'empêcher qu'un tel accord ait l'approbation de la Knesset.
afp/ebz