"Les impacts du changement climatique et la perte de biodiversité sont deux des principaux risques et défis posés aux sociétés humaines" et sont "liés de façon mécanique et par des retours d'expérience", écrivent dans un rapport publié jeudi des représentants des groupes d'experts de l'ONU sur la biodiversité (IPBES) et le climat (Giec).
Or, c'est ainsi que les politiques ont longtemps réfléchi, explique vendredi dans La Matinale Paul Laedley, professeur à l'Université de Paris-Saclay et co-auteur du rapport. "Jusqu'à assez récemment le changement climatique était beaucoup plus haut sur l'agenda politique que la biodiversité. Ce n'est qu'au G7 en 2019 qu'on a vraiment traité la biodiversité et le changement climatique au même niveau."
Premier rapport commun
Il s'agit du premier rapport commun produit par des experts (50 au total) des deux instances, alors que des Conférences internationales sur la biodiversité et le climat sont prévues respectivement en octobre et en novembre.
"Le changement climatique exacerbe les risques pour la biodiversité et les habitats naturels ou aménagés. Dans le même temps, les écosystèmes et leur biodiversité jouent un rôle clé dans les flux de gaz à effet de serre et dans les actions d'adaptation", insistent les experts onusiens.
La préservation et la restauration des écosystèmes est donc "de la plus haute importance". Mais si ces "solutions basées sur la nature" peuvent jouer un rôle important dans l'atténuation ou l'adaptation au changement climatique, le rapport met en garde contre une réflexion en silos, où une mesure peut finalement produire un effet induit néfaste.
Monoculture nuisible
Le rapport montre par exemple que reboiser des surfaces entières en monoculture aura un impact défavorable sur la biodiversité et donc sur l'environnement à long terme. "Dire qu'on peut planter des arbres partout dans le monde et avoir un effet très bénéfique pour le climat n'est pas une bonne idée", poursuit Paul Laedley. "Et même, dans certains cas, ça n'aura pas les effets escomptés sur le climat non plus."
Mais à l'inverse, améliorer la conservation des sols à l'échelle mondiale offre un potentiel annuel de réduction des gaz à effet de serre qui se situe entre 3 et 6 gigatonnes. "Mais pour ce faire, il faut commencer à apporter beaucoup plus d'engrais en forme organique et il faut rétablir toute la biodiversité qui aide à dégrader la matière organique et la transformer en nutriments pour les plantes", note Paul Laedley.
Avec cette collaboration, le Giec et le IPBES espèrent aussi et surtout montrer tout le panel de synergies qui existent entre préservation de la biodiversité et lutte contre le réchauffement climatique.
Céline Fontannaz/fgn/afp