Le coup d'envoi de la compétition est donné vendredi à 21h au stade olympique de Rome avec le match entre l'Italie et la Turquie. Suivra un mois de compétition jusqu'à la finale du dimanche 11 juillet disputée dans le mythique stade de Wembley.
Conformément au souhait de l'ancien président de l'UEFA Michel Platini, qui avait imaginé cet Euro paneuropéen pour commémorer les 60 ans de la compétition, treize villes dans treize pays avaient initialement été retenues, mais Bruxelles a tout d'abord été recalée, avant que certaines villes ne le soient aussi à cause de la vague pandémique.
"Si je résume les propos de son secrétaire général de l'époque, Gianni Infantino, l'idée était de faire un Euro pour l'Europe", explique Philippe Vonnard, historien du sport et chercheur à l'Institut des sciences du sport de l'Université de Lausanne, vendredi dans La Matinale.
Onze villes, onze pays
L'Euro en 2020 aurait donc dû avoir lieu dans douze villes hôtes, avant d'être repoussé d'un an en raison de la pandémie. Désireuse d'organiser un tournoi avec du public dans les gradins, l'UEFA a finalement écarté à leur tour Bilbao et Dublin, faute de garanties sur l'accueil de spectateurs.
Les matches prévus à Bilbao sont donc transférés à Séville et ceux prévus à Dublin ont finalement lieu à Saint-Pétersbourg et Londres. Pour l'accueil des spectateurs dans les stades, les villes retenues ont toutes promis des jauges comprises entre 25% et 100%.
"Nous sommes quand même dans un temps d'euroscepticisme, de montée du nationalisme. L'idée que le football peut aussi jouer un rôle dans la réunion des habitantes et habitants du continent, c'est intéressant", juge Philippe Vonnard.
L'Italie à domicile
Entre les décalages horaires et les changements de températures, Philippe Vonnard estime que les déplacements auront certainement des impacts sur les récupérations des joueurs. Mais il rappelle que les trajets existent même lorsqu'une compétition est organisée dans un seul pays. "Si vous prenez, par exemple, la Suisse à la Coupe du monde de 1994 aux Etats-Unis, ses deux premiers matches ont eu lieu à Détroit, le troisième en Californie et le dernier à Washington."
Et d'ajouter: "Ce qui change dans cet Euro, c'est qu'il va y avoir des pays qui bougent et d'autres pas. Dans le groupe de la Suisse, l'Italie va jouer ses trois matches à domicile. Ce qui n'est pas le cas de la Turquie, du Pays de Galles et de la Suisse."
"Difficile" de parler d'environnement
Sur l'impact environnemental de ces déplacements, Philippe Vonnard explique qu'il est "encore difficile" pour les organisateurs de compétition "d'intérioriser" un discours sur cette question. "Les footballeurs ont l'habitude de prendre l'avion même pour des compétitions nationales. Il y a presque une relation fraternelle entre les footballeurs et l'avion", note-t-il.
L'entraîneur de Manchester City Pep Guardiola avait ironisé en déclarant: 'On va demander à l'UEFA une année de 400 jours'. Cela démontre bien qu'il y a une démultiplication des compétitions
Une relation accentuée par le calendrier très dense des compétitions. "Si vous êtes en Suisse, que vous voulez aller jouer un mercredi en Suède et que le week-end vous devez jouer votre match de championnat, il n'y a pas 36'000 solutions pour se déplacer. (...) L'entraîneur de Manchester City Pep Guardiola avait ironisé en déclarant: 'On va demander à l'UEFA une année de 400 jours'. Cela démontre bien qu'il y a une démultiplication des compétitions. (...) Pour les spectateurs, on peut se demander s'il n’y en a pas trop."
Bas les masques, mais prudence
Le ballon ne roule toutefois pas encore que le coronavirus a déjà touché des sélections participantes, dont l'Espagne et la Suède. Et si la menace sanitaire planera jusqu'à la finale, l'UEFA a annoncé un été de liesse dans les tribunes dans les onze pays hôtes.
"C'est parti!", ont titré à l'unisson le Times et le Guardian vendredi en Grande-Bretagne, alors que le quotidien espagnol Sport s'enthousiasme pour "L'Euro des stars".
"Bas les masques", titre en Italie le Corriere dello sport. "Ce n'est pas une invitation à transgresser, mais à montrer le visage le plus authentique et nouveau du pays, ainsi que celui de l'équipe nationale qui le représente", précise le journal romain.
Propos recueillis par Benjamin Luis
Adaptation web: Valentin Jordil avec ats
De rares fans zones
Véritables institutions lors des précédentes éditions de l'Eurofoot, les fans zones seront plutôt rares cette année en raison des restrictions sanitaires.
On pourra en profiter en dehors des grandes villes où elles ont trouvé refuge, comme à Bulle (FR) où elle est presque prête à recevoir les supporters. Ceux-ci ne pourront par contre consommer qu'assis à une table, devront porter le masque et garder les distances. Atteignant la capacité maximale de 300 spectateurs, elle sera une des plus grandes de Suisse.
Les amateurs de foot pourront aussi se tourner vers les restaurants ou les bars. Le Conseil d'Etat genevois a d'ailleurs officiellement précisé que la diffusion des matches sur les terrasses était possible.