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Après le G7, l'Otan durcit à son tour le ton contre la Chine

Joe Biden participe au sommet de l'OTAN. L'occasion pour l'alliance militaire de gonfler les muscles face à la Russie.
Joe Biden participe au sommet de l'OTAN. L'occasion pour l'alliance militaire de gonfler les muscles face à la Russie. / 12h45 / 1 min. / le 14 juin 2021
Les dirigeants des pays de l'Otan, réunis lundi à Bruxelles, ont décidé de faire front commun face aux ambitions déclarées de la Chine en Europe, qui constitue selon eux une menace pour la sécurité de l'Alliance atlantique. Cette décision intervient au lendemain d'un sommet du G7 qui a déjà appelé Pékin à respecter les droits humains au Xinjiang et à Hong Kong.

La déclaration adoptée à l'issue de la réunion traduit les préoccupations des alliés: la Russie, la Chine, les nouvelles menaces dans l'espace et le cyberespace, le terrorisme, la montée des régimes autoritaires. Le texte, long de 45 pages, compte 79 points.

La Russie reste la préoccupation numéro un de l'Alliance. "Nous allons adresser un message important à Moscou: nous restons unis et la Russie ne saura pas nous diviser", a prévenu le secrétaire général de l'organisation, le Norvégien Jens Stoltenberg.

"Tant que la Russie ne montre pas qu'elle respecte le droit international et qu'elle honore ses obligations et responsabilités internationales, il ne peut y avoir de retour à la normale", ont-ils averti. Mais "nous restons ouverts à un dialogue périodique et substantiel", ont-ils assuré, alors que Joe Biden doit rencontrer mercredi le président russe Vladimir Poutine à Genève.

>> Les précisions du correspondant à Bruxelles dans Forum :

Le président américain Joe Biden et le secrétaire générale de l'Otan Jens Stoltenberg, au sommet de l'Alliance transatlantique, le 14 juin 2021 à Bruxelles. [EPA/Keystone - Stéphanie Lecocq]EPA/Keystone - Stéphanie Lecocq
OTAN : les résultats du sommet avec Joe Biden / Forum / 2 min. / le 14 juin 2021

Tourner la page Trump

Décrit comme un "moment charnière" par Jens Stoltenberg, ce sommet, le premier auquel participe le président des Etats-Unis Joe Biden, visait aussi à tourner la page de quatre années tendues avec Donald Trump, qui jugeait l'organisation obsolète.

>> Lire : Joe Biden proclame le "retour" de l'alliance transatlantique

Il s'agissait pour les 30 membres de l'Otan de montrer que l'organisation, fondée en 1949, reste indispensable pour les Etats-Unis et leurs alliés face à la puissance militaire grandissante de la Chine. "Il y a une prise de conscience croissante, ces deux dernières années, que nous avons de nouveaux défis", avait souligné le président américain Joe Biden à son arrivée.

Répondre en tant qu'alliance

"Nous savons que la Chine ne partage pas nos valeurs (...) nous devons répondre ensemble en tant qu'alliance", a déclaré Jens Stoltenberg à son arrivée au sommet. "La Chine se rapproche de nous. Nous les voyons dans le cyberespace, nous voyons la Chine en Afrique, mais nous voyons aussi la Chine investir massivement dans nos propres infrastructures critiques", a-t-il déclaré en faisant référence à la multiplication des investissements chinois dans certains ports ou réseaux télécoms européens.

>> Lire aussi : La Chine riposte aux critiques du secrétaire général de l'OTAN

Le président français Emmanuel Macron arrive au sommet de l'Otan, le 14 juin 2021 à Bruxelles. [EPA/Keystone - Francisco Seco]
Le président français Emmanuel Macron arrive au sommet de l'Otan, le 14 juin 2021 à Bruxelles. [EPA/Keystone - Francisco Seco]

De son côté, Emmanuel Macron a estimé lors d'une conférence de presse jeudi dernier que la Chine n'était "pas le coeur du sujet", dans la mesure où elle "ne fait pas partie de la géographie atlantique". Pour le président français – qui avait jugé à l'automne 2019 que l'Alliance atlantique était en état de "mort cérébrale" – "ce rendez-vous doit être l'occasion de consacrer le fait que l'Otan doit bien clarifier quel est son rôle et sa stratégie".

"Pas un ennemi"

"Les ambitions déclarées de la Chine et son comportement déterminé représentent des défis systémiques pour l'ordre international fondé sur des règles et dans des domaines revêtant de l'importance pour la sécurité de l'Alliance", ont affirmé les alliés.

Mais pas question d'une nouvelle guerre froide. "La Chine n'est pas notre adversaire, notre ennemi", a soutenu Jens Stoltenberg, tout en estimant qu'elle "pose des défis pour notre sécurité".

Les dirigeants du Groupe des Sept ont déjà ciblé la Chine dimanche dans la déclaration finale de leur sommet, une initiative contre laquelle Pékin s'est élevé lundi, accusant les puissances occidentales d'ingérence et de diffamation.

>> Les précisions dans le 12h30 :

Le G7 lance un plan mondial d'infrastructures pour contrer la Chine [Pool Photo via AP - Leon Neal]Pool Photo via AP - Leon Neal
Le front commun du G7 contre les investissements chinois en Europe agace Pékin / Le 12h30 / 1 min. / le 14 juin 2021

La Russie également au programme

Les efforts de Moscou pour déstabiliser l'Occident devraient également figurer au programme des discussions, ont indiqué des diplomates, alors que Joe Biden et son homologue russe Vladimir Poutine doivent se rencontrer cette semaine à Genève.

Joe Biden a appelé lundi les alliés de l'Otan a affronter ensemble les "nouveaux défis" posés par la Chine et la Russie, à son arrivée au siège de l'organisation pour un sommet. "Il y a une prise de conscience croissante, ces deux dernières années, que nous avons de nouveaux défis. Nous avons la Russie qui n'agit pas d'une manière conforme à ce que nous avions espéré. Et aussi la Chine", a-t-il estimé lors de son premier entretien avec Jens Stoltenberg.

Le président américain Joe Biden et le secrétaire générale de l'Otan Jens Stoltenberg, au sommet de l'Alliance transatlantique, le 14 juin 2021 à Bruxelles. [EPA/Keystone - Stéphanie Lecocq]
oLe président américain Joe Biden et le secrétaire générale de l'Otan Jens Stoltenberg, au sommet de l'Alliance transatlantique, le 14 juin 2021 à Bruxelles. [EPA/Keystone - Stéphanie Lecocq]

Depuis que la Russie a annexé la Crimée en 2014, l'Otan a modernisé ses défenses mais reste vulnérable face aux attaques informatiques et à la désinformation, même si Moscou se défend de chercher à déstabiliser les pays de l'Alliance.

"La relation entre l'Otan et la Russie est à un point bas, au plus bas depuis la fin de la Guerre froide", a estimé Jens Stoltenberg dimanche à la presse britannique.

Au vu de ces menaces, les dirigeants des pays membres de l'Otan espèrent que Joe Biden va réengager pleinement les Etats-Unis dans la défense collective de l'Alliance, après les soubresauts de l'ère Trump.

>> Lire aussi : Le G7 affiche un front commun pour contrer la Chine

kkub/jord avec agences

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Entretien "productif" entre Biden et Erdogan

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé lundi avoir eu un entretien "très productif et sincère" avec son homologue américain Joe Biden qu'il a rencontré pour la première fois, en marge d'un sommet de l'Otan.

"Je dois dire que nous avons eu un entretien très productif et sincère", a déclaré M. Erdogan lors d'une conférence de presse à Bruxelles, ajoutant qu'"aucun problème dans les relations entre la Turquie et les Etats-Unis n'est insurmontable".

Plusieurs sujets de désaccord entre Ankara et Washington ont distendu leurs relations : de l'achat par la Turquie du système de défense antiaérienne russe S-400 au soutien américain aux milices kurdes syriennes, en passant par le refus américain d'extrader le prédicateur Fethullah Gülen, accusé d'avoir orchestré le coup d'Etat de 2016 contre Recep Tayyip Erdogan.