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Les retards de livraison freinent la vaccination dans les pays pauvres

L'acheminement compliqué des doses de vaccins dans les pays africains
L'acheminement compliqué des doses de vaccin dans les pays africains (vidéo) / L'éclairage d'actualité / 4 min. / le 15 juin 2021
Le G7 a décidé de donner un milliard de doses de vaccin aux pays pauvres dans l'espoir d'éradiquer la pandémie de Covid-19. Mais il faudra s'assurer de la bonne distribution de ces vaccins. Et ce n'est pas si facile. En Afrique, des milliers de doses périmées du vaccin AstraZeneca ont dû être détruites.

Ainsi, 20'000 doses du vaccin AstraZeneca arrivées trop tard pour être utilisées ont été incinérées à la mi-mai au Malawi. Le Soudan du Sud, lui, va renvoyer plus de 70'000 doses, car il ne pourra pas les administrer avant leur expiration à la mi-juillet. Une situation à laquelle a été confrontée Médecins sans frontières (MSF). "Au Soudan du Sud, nous avons été sollicités pour des vaccins arrivés déjà périmés", explique Guillaume Schmidt, pharmacien auprès de MSF, mardi dans La Matinale.

Et d'ajouter: "Mais il nous a été absolument impossible de nous positionner, puisque nous ne savions pas si la chaîne du froid avait été correctement respectée. Connaître la validité des vaccins sur un stock périmé nécessite des besoins d'analyses beaucoup plus poussées." Les raisons pour lesquelles ces pays reçoivent des doses si proches de la date de péremption, et donc difficilement utilisables, sont multiples.

Besoin de moyens matériels et humains

L'un des principaux facteurs est que le déploiement des vaccins est souvent ralenti par des soucis de distribution. "Ces pays ont plus l'habitude d'organiser des campagnes de vaccination avec le vaccin contre la poliomyélite ou la fièvre jaune. Mais cela coûte cher. Il faut des personnes et des véhicules disponibles pour aller jusqu'au fond des campagne", décrit Blaise Genton, médecin au CHUV et responsable de la campagne vaudoise de vaccination contre le Covid-19.

Il estime que lorsqu'un pays envoie des vaccins, "c'est sa responsabilité de s'assurer que tout le dispositif de campagne est prêt pour les distribuer assez vite. On l'a vu chez nous, le dispositif est impressionnant et la logistique demande de la rigueur. Il faut penser de la même façon dans tous les pays qui vaccinent." Et les vaccins sont parfois livrés avec une durée de vie de seulement deux semaines. Or, il est souvent trop tard s'il faut compter l'acheminement.

Pour vacciner 30% de la population mondiale, il faudrait livrer cet été plusieurs centaines de millions de doses. Mais il y a déjà des imprévus. L'Inde, par exemple, devait fabriquer une grande partie des vaccins qui étaient promis à Covax. Mais avec l'explosion des cas sur son territoire, elle n'a pas pu exporter ses vaccins et les a gardés pour sa propre population.

Ces retards de livraisons expliquent que seulement 2% de la population du continent africain soit vaccinée.

Durée de vie des doses très courte

Une autre partie du problème réside dans la durée de conservation de ces vaccins: six mois pour AstraZeneca et un mois au frigo pour Moderna et BioNTech/Pfizer. Ces vaccins Covid-19 sont très récents, il n'y a donc pas de données pour savoir s'ils peuvent être gardés plus longtemps. "Dans les premiers temps, on s'est surtout attaché à l’efficacité du vaccin sans s'intéresser aux notions de stabilité. On s'aperçoit qu'il a la même qualité après quatre semaines ou une semaine au frigo. C'est la raison pour laquelle les conditions de stockages ont été modifiées", note Blaise Genton.

La Suisse a aussi dû jeter de nombreuses doses inutilisées, puisqu'il y a encore très peu de temps, le vaccin ARN ne pouvait pas survivre au-delà de cinq jours dans un frigo. Ces vaccins ARN durent donc plus longtemps, mais il faut quand même les utiliser sans tarder.

Virginie Langerock/Alexandra Richard/vajo

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La Suisse va donner 3 millions de doses du vaccin AstraZeneca

Les appels et les gestes se multiplient pour redistribuer les vaccins anti-Covid-19 aux pays pauvres. Après les annonces du G7, la Suisse a aussi confirmé que 3 millions de doses du vaccin AstraZeneca sur les 5,3 millions, payées et précommandées par la Confédération, seront données à l'initiative Covax.

>> Relire : Le G7 devrait s'engager à donner un milliard de doses de vaccins aux pays pauvres

Swissmedic n'a toujours pas autorisé le vaccin d'AstraZeneca. D'ici une éventuelle homologation, la demande de la population sera déjà bien couverte par les autres vaccins à ARN messager, Pfizer et Moderna.

Discussions encore en cours

L'Office fédéral de la santé publique précise qu'il y a actuellement des contacts avec l'Union européenne, l'alliance Covax et le groupe pharmaceutique pour organiser ce transfert. La Confédération a choisi d'en garder une partie. Car elle pense notamment aux personnes qui ne peuvent pas ou qui ne veulent pas être vaccinées avec un ARN messager.

Le vaccin à vecteur viral d'AstraZeneca serait donc une alternative pour autant qu'il soit homologué par Swissmedic. Les doses ne risquent pas d'être périmées, car elles sont encore virtuelles. Elles ont été payées, précommandées mais pas livrées. Concrètement, il n'y a pas encore de doses d'AstraZeneca dans la pharmacie de l'armée, où sont stockés les vaccins et les médicaments.

>> Les explications dans La Matinale :

Des fioles du vaccin AstraZeneca. [afp - Gabriel Bouys]afp - Gabriel Bouys
Avenir des doses suisses du vaccin anti-Covid-19 AstraZeneca / La Matinale / 1 min. / le 15 juin 2021

Samia Hurst: "Il serait très regrettable que le Covid-19 suive la même route que le VIH"

"Si on regarde une autre pandémie, la pandémie de VIH, le nombre de victimes a été plus important après la découverte des traitements qu'avant. Parce que, justement, la distribution n'a pas suivi", explique Samia Hurst, médecin et bioéthicienne, interrogée mardi dans La Matinale.

Et d'ajouter: "Il serait très regrettable que la pandémie de Covid-19 suive la même route. On pourrait se retrouver face à un nombre de victimes dans le monde plus important après que l'humanité aura acquis les moyens efficaces de lutte contre ce virus."

>> Son interview complète dans La Matinale :

Samia Hurst: "Force est de constater que l'évolution des cas ne suit pas du tout les prévisions des modèles"
Interview de Samia Hurst, médecin et bioéthicienne, sur la redistribution du vaccin AstraZeneca / La Matinale / 41 sec. / le 15 juin 2021