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Alerte sur un réacteur nucléaire d'EDF dans le sud de la Chine

La centrale nucléaire de Taishan, construite avec le groupe français EDF, en décembre 2013. [AFP - PETER PARKS]
Une centrale nucléaire chinoise sous surveillance / La Matinale / 1 min. / le 15 juin 2021
En Chine, la centrale nucléaire EPR de Taishan, construite avec EDF, est sous surveillance pour un problème d'étanchéité au coeur d'un réacteur. Les rejets de gaz générés dans l'air sont dans les limites autorisées, selon le groupe français et l'opérateur chinois.

"EDF a été informée de l'augmentation de la concentration de certains gaz rares dans le circuit primaire du réacteur n°1 de la centrale nucléaire de Taishan détenue et exploitée par TNPJVC, joint-venture de CGN (70%) et EDF (30%)", a annoncé le groupe français lundi dans un communiqué.

Le circuit primaire est un circuit fermé contenant de l'eau sous pression qui s'échauffe dans la cuve du réacteur au contact des éléments combustibles. Ces derniers se trouvent empilés dans des "crayons" entourés de gaines métalliques. "La présence de certains gaz rares dans le circuit primaire est un phénomène connu, étudié et prévu par les procédures d'exploitation des réacteurs", ajoute EDF. Certains de ces gaz rares, comme le xénon ou le krypton, produits en cas de fission nucléaire, ont fuité dans ce circuit à travers les gaines.

Nous ne sommes pas sur des contaminations, nous sommes sur des rejets contrôlés et maîtrisés

Groupe EDF

"Il doit y avoir des gaines métalliques inétanches, laissant passer des gaz rares qui contaminent le fluide primaire", a expliqué Karine Herviou, directrice générale adjointe de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) français. Elle ajoute qu'à ce stade, rien ne permet de parler d'accident: "On ne connaît pas les valeurs, la concentration, on ne sait pas quelle est l'ampleur du phénomène. Mais il n'y a pas plus d'inquiétude à avoir pour l'instant, compte tenu de ce qu'on sait."

Retirer la radioactivité

La procédure prévoit que ces gaz soient collectés et traités afin d'en retirer la radioactivité, avant d'être rejetés dans l'air. Ils l'ont été "dans le respect des limites réglementaires définies par l'autorité de sûreté chinoise", a précisé l'entreprise, en disant que ces limites étaient dans la moyenne internationale.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), basée à Vienne, a de son côté déclaré qu'"à ce stade" elle n'avait "aucune indication qu'un incident radiologique se soit produit".

Framatome, la filiale d'EDF qui a participé à la construction des réacteurs de Taishan, avait lundi matin indiqué surveiller "l'évolution d'un des paramètres de fonctionnement" du réacteur, sans donner de détail ni parler de fuite.

Sur la base d'une lettre envoyée par Framatome au Département de l'énergie américain le 8 juin, CNN a fait état d'une possible "fuite" dans cette centrale. Framatome se serait adressé aux Etats-Unis pour demander une autorisation d'assistance technique dans le but de résoudre "une menace radiologique imminente". On ignore pourquoi l'aval américain est nécessaire pour intervenir.

Les indicateurs environnementaux "normaux"

Toujours selon la chaîne américaine, les autorités de sûreté chinoises auraient également relevé les limites acceptables de radiation à l'extérieur du site pour éviter d'avoir à mettre la centrale à l'arrêt. De son côté, l'exploitant de la centrale, China General Nuclear Power Group (CGN), a fait état dans un communiqué d'indicateurs environnementaux "normaux", sans toutefois faire directement référence aux informations de CNN.

CGN n'a pas répondu aux demandes d'informations de l'AFP, tout comme le ministère chinois des Affaires étrangères et le Commissariat à l'énergie atomique en France.

Le groupe français EDF a néanmoins demandé la tenue d'un conseil d'administration extraordinaire avec la coentreprise TPNJVC.

afp/thur

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Les seuls réacteurs EPR en action

Les deux réacteurs de Taishan, non loin de Macao et de Hong Kong, sont à ce jour les seuls EPR à être entrés en service dans le monde, en 2018 et 2019.

D'autres exemplaires de ces réacteurs de troisième génération sont en construction en Finlande, en France et au Royaume-Uni, mais de multiples déboires techniques ont retardé de plusieurs années leurs mises en marche.

La Chine compte une cinquantaine de réacteurs en fonctionnement, ce qui la classe au troisième rang mondial derrière les Etats-Unis et la France.