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Nicolas Sarkozy se défend avec véhémence dans le procès sur sa campagne

Nicolas Sarkozy est interrogé au tribunal dans le procès sur sa campagne 2012. [AP - Rafael Yaghobzadeh]
Nicolas Sarkozy est interrogé au tribunal dans le procès sur sa campagne 2012 / Le Journal horaire / 16 sec. / le 15 juin 2021
L'ancien président français Nicolas Sarkozy a nié avec véhémence mardi devant le tribunal correctionnel de Paris avoir engagé des dépenses excessives dans sa campagne perdue de 2012, dans un procès débuté il y a trois semaines.

L'ancien président s'est présenté pour la première fois au tribunal pour son interrogatoire. Il n'avait assisté à aucune audience depuis le début du procès le 20 mai et se faisait représenter par son avocat historique, Me Thierry Herzog.

Dans le dossier Bygmalion - du nom de l'agence événementielle liée à son parti -, selon l'accusation, Nicolas Sarkozy a fait le choix avec son équipe de "meetings spectaculaires et dispendieux", et demandé d'accélérer le rythme - jusqu'à un meeting par jour.

Elle estime que Nicolas Sarkozy a ainsi "incontestablement" bénéficié d'une fraude qui lui a permis de disposer d'au moins 42,8 millions d'euros au total, soit près du double du plafond légal à l'époque.

Mais l'ex-président a nié tout en bloc. "J'aimerais qu'on m'explique en quoi j'ai plus fait campagne en 2012 qu'en 2007. C'est faux! Il n'y a pas eu d'emballement", a affirmé Nicolas Sarkozy. "C'est une fable", a insisté l'ex-président au début de son interrogatoire.

Système de double facturation

Les treize autres prévenus, anciens cadres de Bygmalion et de l'UMP (devenu Les Républicains, LR), directeur de campagne, experts comptables, qui ont défilé à la barre sont soupçonnés d'être impliqués à des degrés divers dans le système de double facturation imaginé pour masquer l'explosion des dépenses autorisées pendant la campagne.

Le prix réel des quelque 40 meetings organisés par Bygmalion avait été drastiquement réduit, et le reste, à savoir 80% des factures, réglé par l'UMP, au nom de conventions fictives du parti.

"Financement illégal de campagne"

Contrairement aux autres prévenus, renvoyés notamment pour escroquerie ou usage de faux, Nicolas Sarkozy n'est pas mis en cause pour ce système, et comparaît pour "financement illégal de campagne" uniquement. Il encourt un an d'emprisonnement et 3750 euros d'amende.

Début mars, il était devenu le premier ex-président de la Ve République à être condamné à de la prison ferme: il s'était vu infliger par le tribunal correctionnel de Paris trois ans d'emprisonnement, dont deux avec sursis, pour corruption et trafic d'influence, et avait fait appel.

Dans le dossier Bygmalion, "l'enquête n'a pas établi" selon l'accusation que Nicolas Sarkozy aurait pu "ordonner", "participer", voire même être informé du système.

Mais le président-candidat, loin d'être "déconnecté de sa campagne", a fait le choix avec son équipe de "meetings spectaculaires et dispendieux", et demandé d'accélérer le rythme - jusqu'à un meeting par jour. Une campagne "d'une rare densité", marquée par une "totale improvisation" des donneurs d'ordre, avait décrit l'accusation.

Il aurait bénéficié de la fraude

L'accusation estime que Nicolas Sarkozy a laissé filer les dépenses, malgré plusieurs alertes sur les risques de dépassement, et ainsi "incontestablement" bénéficié de la fraude, qui lui a permis de disposer de "moyens bien supérieurs" à ce qu'autorisait la loi: au moins 42,8 millions d'euros au total, soit près du double du plafond légal à l'époque.

Une thèse à laquelle ne croit pas Nicolas Sarkozy: le prix de ses meetings était "parfaitement en ligne" avec ceux de son opposant François Hollande, avait-il dit aux enquêteurs.

Le procès est prévu jusqu'au 22 juin.

afp/jpr

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