Plus de 35 ans après la rencontre entre les dirigeants américain Ronald Reagan et soviétique Mikhaïl Gorbatchev, les deux présidents auront dialogué mercredi pendant trois heures et demie. Dont près de deux heures en étant accompagnés seulement de leur chef de la diplomatie, Antony Blinken et Sergueï Lavrov.
Pour leur premier tête-à-tête comme chefs d'Etat, les deux hommes ont salué des discussions "constructives" ou "positives", alors que des tensions ont été observées ces dernières années entre leurs pays. Alors que les Etats-Unis voient désormais leur ennemi le plus important en la Chine, Joe Biden estime avoir réussi une première approche vers une relation "plus stable et plus prévisible" avec Moscou.
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Les deux présidents ne se sont pas invités mutuellement à Washington et Moscou: "Il faut d'abord des conditions mûres", a dit Vladimir Poutine. Le président russe a toutefois salué en Joe Biden quelqu'un d'expérimenté avec lequel il peut discuter.
Les deux responsables ont comme prévu abordé la question de leurs ressortissants détenus sur leur sol. "Il pourrait y avoir de la place pour un compromis", a relevé le président russe.
Navalny et droits humains
Joe Biden a abordé la question des droits humains comme il l'avait prévu, selon le président russe.
Celui-ci a renvoyé le président américain à la situation dans son propre pays: "Des personnes se font tuer" par la police aux Etats-Unis et l'armée américaine a fait plus de 120 victimes dans une bavure en Afghanistan, a-t-il pointé.
Le président américain Joe Biden a promis à son homologue russe Vladimir Poutine de "continuer" à aborder les violations des droits humains.
Il veut des "règles de principe" entre les deux pays: "Comment pourrais-je être président américain et ne pas aborder les violations des droits humains ?", a affirmé Joe Biden à la presse au terme du sommet.
Joe Biden estime "ridicule" la comparaison de Vladimir Poutine entre les assaillants du Congrès et les militants de Black Lives Matter. Les deux n'ont rien de commun, selon lui.
Dans sa conférence de presse, le président russe avait auparavant estimé que les responsables de l'assaut sur le Congrès et les militants afro-américains étaient semblables. "Nous ne voulons pas de choses similaires" en Russie, a-t-il dit.
Sur l'affaire de l'opposant Alexeï Navalny actuellement emprisonné, Vladimir Poutine a relevé que l'opposant a violé "de manière répétée" et "délibérée" la loi de son pays.
Joe Biden avait lancé cette semaine un avertissement au sujet de l'opposant. La mort de Navalny "ne ferait que détériorer les relations avec le reste du monde. Et avec moi", a-t-il dit.
"Insinuations" sur la cybersécurité
Le président russe a encore assuré que lui et son homologue américain s'étaient entendus sur des "consultations en matière de cybersécurité", les deux pays s'accusant mutuellement d'une multitude de cyber-attaques. Vladimir Poutine appelle à "se débarrasser des insinuations" à ce propos. Un groupe d'experts va se pencher sur la question.
"Nous avons un accord de principe et la Russie est prête" à l'honorer, a dit Vladimir Poutine. Chaque pays relaie des accusations de cyberattaques contre l'autre. La Russie en a fait suivre des dizaines, "restées sans réponse", selon le président.
Quant à Joe Biden, il a donné une liste de seize sites critiques des Etats-Unis qui doivent échapper à toute cyberattaque. Il souhaite aussi que les autorités russes poursuivent les responsables de piratage contre des rançons.
Washington ne tolérera plus de cyberattaque russe sur son territoire. Le président russe "sait que j'agirai", a dit le chef de la Maison Blanche. "Nous avons des cybercapacités significatives", a affirmé Joe Biden. La Russie ne peut dicter sa loi au monde entier, selon lui.
Ukraine, Iran et Bélarus, les sujets internationaux ont tous été discutés. "Il était important de se rencontrer", a dit Joe Biden. Résultat concret, l'accord sur le mécanisme pour un dialogue sur la stabilité stratégique". "Il y a encore beaucoup de travail", a affirmé Joe Biden. Les prochaines étapes sur le désarmement ont été abordées en détail, encore selon le président américain.
Pour sa part, Vladimir Poutine a aussi appelé les Etats-Unis à collaborer sur l'Arctique. Il a estimé "sans fondement" les inquiétudes américaines sur une militarisation de cette zone par Moscou.
Bonne volonté affichée
Plus de 35 ans après les dirigeants américain Ronald Reagan et soviétique Mikhaïl Gorbatchev, les deux dirigeants avaient démarré leur sommet en début d'après-midi. D'entrée, Joe Biden a dit considérer celui-ci comme "important" et Vladimir Poutine l'a souhaité "productif".
Le président américain a également utilisé le terme de "grande puissance" pour parler de son rival russe. Avant le sommet pendant sa tournée européenne, il n'avait pas hésité à affirmer clairement qu'il signifierait à Vladimir Poutine quelles sont "les lignes rouges" américaines dans la relation bilatérale.
Une étape considérée comme indispensable par plusieurs experts si les Etats-Unis veulent atteindre, comme ils le souhaitent, un lien plus "stable et prévisible" avec Moscou. Ce souhait de réchauffement malgré les divergences, de même que celui de collaborer là où c'est possible, a été répété par le chef de la Maison Blanche au début de son dialogue avec Vladimir Poutine.
Stéphanie Jaquet et les agences
La tonalité du sommet avec Poutine était "positive", selon Biden
Le président américain Joe Biden a indiqué mercredi que la tonalité du sommet avec son homologue russe Vladimir Poutine était "positive", mais a assuré l'avoir mis en garde contre toute interférence dans les élections américaines.
"J'ai clairement dit que nous ne tolérerions pas les tentatives de violation de notre souveraineté démocratique ou de déstabilisation de nos élections démocratiques, et que nous répondrions", a déclaré Joe Biden lors d'une conférence de presse à l'issue de sa rencontre avec Vladimir Poutine.
Le président américain a ajouté qu'il "ne pense pas" que son homologue "cherche une Guerre froide" avec les Etats-Unis. "Il y a des perspectives réelles d'améliorer les relations".
Les discussions ont duré moins de quatre heures, moins que prévu. Pas de quoi se formaliser selon Joe Biden: "Quand deux dirigeants se sont-ils vus durant plus de deux heures ?", a noté le président américain.
La Suisse, "une excellente plateforme"
Le président russe Vladimir Poutine a remercié la Suisse pour l'"excellente plateforme" offerte à Genève. Il a souhaité que les échanges économiques bilatéraux, ternis par la pandémie, puissent "être rétablis".
"Genève a toujours montré son hospitalité", a dit le président russe au début de sa rencontre avec le président de la Confédération Guy Parmelin.
Environ 200 entreprises suisses sont actives sur le marché russe, selon Vladimir Poutine: "Nous avons beaucoup de pistes de collaboration", a-t-il dit.
De son côté, Guy Parmelin a dit son "plaisir" de pouvoir discuter de quelques sujets communs avec le président russe.