Si la sécurité n'est pas de la compétence des régions, il s'agit pourtant du premier thème de cette campagne en France. Beaucoup de candidats veulent que les régions puissent agir dans ce domaine. C'est surtout le cas du RN, le parti de Marine Le Pen, qui porte ce sujet depuis des années.
En tête des sondages dans plusieurs régions avant le premier tour de ce dimanche (deuxième tour le 27 juin), le parti d'extrême droite cultive ses plus grands espoirs en Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) où la campagne aura été particulièrement animée.
Le président sortant de cette région, Renaud Muselier (Les Républicains, LR) a semé le trouble dans l'électorat de droite en se rapprochant du parti d’Emmanuel Macron (La République en marche, LREM) pour faire barrage à l’extrême droite. Thierry Mariani (RN) est favori des sondages et vise une première historique pour son parti.
Bataille serrée dans les Hauts-de-France
Une autre région sera sous les feux des projecteurs: les Hauts-de-France. La bataille s’annonce serrée entre le président de droite Xavier Bertrand, par ailleurs candidat à la présidentielle, et le RN Sébastien Chenu.
Le gouvernement français a envoyé dans cette région pas moins de cinq ministres pour tenter de peser sur l’issue du scrutin. Emmanuel Macron a lui même fait étape dans l'Aisne.
Dans les Hauts-de-France, la gauche a même réussi à s'unir. Toutes les formations de gauche se sont rassemblées derrière Karima Delli, eurodéputée verte.
"Il n'y a pas d'un côté l'emploi ou d'un côté le climat. En réglant la question des injustices environnementales, on règle en même temps la question des injustices sociales", assure-t-elle lors d'une interview pour la RTS.
Dans les autres régions, la gauche pourrait vivre un dimanche noir. Selon les sondages, elle risque de ne rien remporter.
L'écologie au coeur de débats tendus en Bretagne
En Bretagne, l'écologie est au coeur du débat avant ces élections régionales. L'environnement est la principale préoccupation des habitants, selon un sondage IPSOS - France 3.
Parmi les treize listes en lice, on dénombre deux listes vertes. Selon les sondages, le RN est en tête, avec 20% d'intentions de vote. La liste de la candidate écologiste Claire Desmares-Poirier est quant à elle à 12%.
"Le monde agricole est plein d'affects. Il faut qu'on retrouve des espaces de dialogue, qu'on entende, qu'on ne gère pas les questions agricoles comme on gère un simple dossier technique", explique-t-elle dans un reportage pour Tout un monde.
La Bretagne nourrit un Français sur trois. Et qui dit Bretagne, dit élevage de porcs et toute la pollution qu'engendre cette industrie. L'ambiance est tendue entre monde agricole et défenseurs de l'environnement.
Une tension symbolisée par la journaliste Morgan Large, spécialisée dans les enquêtes sur l'agro-alimentaire. Elle travaille depuis des années sur les dessous du modèle breton. Elle a fait la Une des médias pour avoir été menacée à plusieurs reprises. "Ils ont déboulonné une roue de ma voiture", livre-t-elle à la RTS.
Un deuxième tour décisif
Ces élections régionales sont cruciales sur le plan national, à dix mois de la présidentielle. L'occasion de mesurer les forces en présence et surtout de poser les bases thématiques qui pourront être prolongées lors de la campagne présidentielle.
D'où cette place majeure accordée aux sujets régaliens comme la sécurité. Si le RN emporte une ou plusieurs régions ce serait une première. Le front républicain va-t-il fonctionner contre le parti de Marine Le Pen? C’est au deuxième tour que tout se jouera.
Texte web: Guillaume Martinez, avec afp
Reportages radio: Blandine Levite, Alexandre Habay
Un candidat sans étiquette
Daniel Cueff est candidat aux élections régionales, tête de liste "Bretagne ma vie", une liste sans étiquette. Cet ancien maire de la petite commune de Langouët s’est fait connaître pour avoir promulgué un arrêté interdisant les pesticides à proximité des habitations sur sa commune en mai 2019. Cet arrêté a depuis été annulé par la justice française.
"Les partis sont dans des logiques partisanes, et ils mettent l'écologie dans des boutiques. Si on fait ça, on a toutes les chances que l'écologie s'oppose au reste de la société. A l'inverse, si on veut que l'écologie fasse société, il ne faut pas lui donner une étiquette, il faut la partager. On fera de l'écologie concrète avec des gens qui a priori n'en veulent pas", explique-t-il.