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Au Mexique, les militants écologistes vivent très dangereusement

Le Mexique, théâtre de violences à l'égard des militants écologistes.
Au Mexique, les militants écologistes vivent très dangereusement / Tout un monde / 5 min. / le 17 juin 2021
En Amérique latine, et en premier lieu au Mexique, la défense de l’environnement se paie souvent au prix fort: les deux tiers des militants écologistes tués dans le monde viennent de cette région. Un accord vise à protéger ces défenseurs de l’environnement.

Entré en vigueur à la fin du mois d'avril, le traité d'Escazú a été signé par douze pays latino-américains. Il garantit aux communautés locales de pouvoir participer à la planification des grands projets d'infrastructures qui les affectent directement.

Parmi les pays signataires figure le Mexique, l'un des plus touchés par les agressions envers les écologistes, derrière la Colombie et le Brésil qui, eux, n'ont pas ratifié cet accord.

Au Mexique, et en Amérique latine, quand on parle de défense de l'environnement, ce sont les grands projets d'infrastructures et d'exploitation des ressources énergétiques, comme les mines, qui sont au coeur de nombreux conflits. Ces "méga-projets" se heurtent à la résistance de communautés. Il s'agit bien souvent de communautés autochtones et paysannes qui entretiennent un lien très fort avec leur territoire, parce que leur mode de vie en dépend ou parce qu'elles considèrent comme sacré leur environnement naturel.

Les violences en augmentation

Malgré un mécanisme de protection mis en place il y a près de dix ans, la violence à l'encontre des militants est en augmentation. Trente défenseurs de l'environnement ont été tués ces deux dernières années.

Selon un militant des droits de l'homme qui s'est exprimé jeudi dans l'émission Tout un monde, il s'agit d'une violence structurelle, et les autorités mexicaines tournent le dos à ces militants écologistes. Le gouvernement est dans une logique de promotion de ces grands projets. Les Nations unies ont qualifié d'extrêmement graves les violences envers les peuples autochtones qui défendent leur territoire.

Projet de barrage hydroélectrique

Un grand projet de barrage hydroélectrique, celui de Paso de la Reyna, provoque en ce moment un violent conflit: cinq militants qui s'opposaient au projet ont été tués entre janvier et mars.

Manifestation contre le projet hydroélectrique de Paso de Reyna. [EJAtlas Ciudad de México | www.desinformemonos.org]
Manifestation contre le projet hydroélectrique de Paso de Reyna. [EJAtlas Ciudad de México | www.desinformemonos.org]

Pas moins de 45 communautés résistent depuis dix ans à la construction du barrage, qui a été plusieurs fois suspendue et puis réactivée. Ana María García, de l'organisation Educa, décrit le contexte qui entoure leur combat.

"Ce sont des communautés qui vivent de l'agriculture et de la pêche. Donc avec la construction du barrage, elles n'auraient plus accès au fleuve et à l'eau. Ensuite, les habitants devraient être déplacés car leurs terres seraient inondées. Mais en plus, ce fleuve alimente une des lagunes les plus importantes de la côte Pacifique. C'est une réserve naturelle, une zone protégée qui comprend des mangroves et une très grande diversité en termes de faune et de flore".

C'est un exemple parmi tant d'autres au Mexique d'un projet imposé sans concertation avec les communautés locales, sans même qu'elles en soient informées au préalable.

L'Accord d'Escazú est néanmoins porteur d'espoir pour les défenseurs de l'environnement, car les pays signataires s'engagent à assurer leur sécurité et leur accès à la justice. L'accord prévoit aussi la participation des citoyens dans la planification de grands projets d'infrastructures.

Emmanuelle Steels/jpr

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