Du scepticisme à l'espoir de meilleures relations, la presse a scruté la rencontre Biden-Poutine
Aux Etats-Unis, les deux plus grands journaux du pays estiment que ce sommet ne permettra pas d'inverser des tendances de fond entre les deux nations. Le New York Times évoque ainsi une "rencontre sans chaleur", où les deux hommes ont passé en revue une longue liste de différends, sans qu'aucun d'entre eux ne soit résolu.
Pour le Washington Post, Joe Biden a offert à Vladimir Poutine "le bénéfice du doute", mais le quotidien juge que la rhétorique du locataire du Kremlin ressemblait beaucoup à celle qui a suivi les premières rencontres entre les trois derniers présidents américains. Et de rappeler que le président russe avait ensuite invariablement renié ses promesses et intensifié sans relâche ses attaques contre le système politique des Etats-Unis.
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"Des dirigeants dans deux mondes différents"
En Russie, la prestation du 46ème président des Etats-Unis n'a pas impressionné. Russia Today, la chaîne proche du Kremlin, accuse Joe Biden de colporter des "récits erronés" au-delà des frontières américaines. Elle souligne également que sa conférence de presse a été deux fois plus courte que celle de Vladimir Poutine et qu'il a perdu son calme après la question d'une journaliste.
De son côté, la radio indépendante Echo Moscou estime que les conférences de presse séparées montrent bien que les deux dirigeants vivent dans deux mondes différents. Ce qu'a dit Vladimir Poutine pourra ainsi être pris pour argent comptant par les téléspectateurs des médias officiels russes, alors que la conférence de presse de Joe Biden a également ressemblé à une sorte de conte au cours duquel le président américain aurait expliqué à son homologue l'importance des valeurs démocratiques.
Une tentative pour stopper la détérioration des relations
Pour sa part, la presse européenne veut voir dans cette rencontre une accalmie dans les relations conflictuelles des deux pays. Le Figaro parle par exemple d'un dialogue sans faux-semblants pour tenter de stopper la détérioration galopante entre les deux puissances.
La Frankfurter Allgemeine Zeitung évoque un passage du monologue au dialogue alors que la Suddeutsche Zeitung préfère mettre en avant le caractère bien trempé de Joe Biden, qui ne se laissera pas marcher sur les pieds et sera sans doute moins compatissant que Donald Trump. Le journal ajoute que si les différences restent fortes, les antagonismes ne sont pas profonds au point d'empêcher une coopération en matière de désarmement nucléaire par exemple. Ce sommet a donc rendu le monde plus sûr, conclut le quotidien.
Une rencontre réussie mais encore beaucoup de travail
Dans la presse suisse enfin, on loue bien entendu l'organisation du sommet à Genève mais on souligne également une rencontre qui, bien que n'ayant apporté que peu de choses sur le fond, aura eu le mérite de faire se parler les deux pays.
Pour la NZZ, les attentes étaient faibles et à cette aune, la rencontre est une réussiste. Les deux hommes ont bien fait de se rencontrer, cela leur a été profitable à tous les deux, au moins en terme d'image.
L'éditorial du St-Galler Tagblatt, de l'Argauer et de la Luzerner Zeitung appelle toutefois à la méfiance, car derrière les photos, le joli décor et les poignées de mains, les relations russo-américaines sont au plus bas. La politique étrangère n'est pas vraiment glamour et demande du travail.
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Tristan Hertig