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Les Ethiopiens aux urnes sur fond de famine au Tigré

Deux Ethiopiennes glissent leurs bulletins dans l'urne dans la capitale Addis Abeba. [Keystone - AP Photo/Ben Curtis]
Abstention majeure attendue en Ethiopie pour les élections législatives / Le 12h30 / 1 min. / le 21 juin 2021
Les Ethiopiens se pressent aux urnes ce lundi pour des élections législatives et régionales repoussées par deux fois et scrutées à l'étranger. Le vote a toutefois été reporté ou annulé dans certaines régions en conflit, comme au Tigré, en proie à une grave famine.

Il s'agit du premier test électoral pour le Premier ministre Abiy Ahmed, 44 ans, qui avait promis à son arrivée au pouvoir en 2018 d'incarner un renouveau démocratique dans le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, rompant ainsi avec ses prédécesseurs.

Le lauréat 2019 du prix Nobel de la paix a ainsi fait libérer des milliers de prisonniers et encouragé le retour d'opposants en exil, promettant que ce scrutin serait le plus démocratique que l'Ethiopie ait jamais connu.

Plusieurs électeurs et responsables politiques ont salué un vote qu'ils jugent plus transparent et équitable que lors des précédentes élections, où la vie politique était dominée par la coalition au pouvoir depuis 1991.

Un vote en deux temps

D'abord prévues en août 2020, ces élections ont été reportées à deux reprises, en raison de la pandémie de coronavirus puis de difficultés logistiques et sécuritaires.

Quelque 38 millions d'électeurs sont enregistrés mais beaucoup d'entre eux ne se rendront pas aux urnes lundi, le vote n'ayant pas lieu dans un cinquième des 547 circonscriptions du pays.

La majorité de ces zones, touchées par des violences ou des insurrections armées ou bien connaissant des problèmes logistiques, voteront le 6 septembre.

Dans la région Oromia, la plus peuplée du pays et dont est originaire le Premier ministre, les deux principaux partis d'opposition régionaux boycottent le scrutin pour protester contre l'emprisonnement de leurs dirigeants ou pour dénoncer son manque d'équité.

Pas d'élection au Tigré

Aucune date n'a en outre été fixée pour les 38 circonscriptions du Tigré. Dans cette région, où le gouvernement mène depuis novembre une opération militaire, des atrocités ont été documentées et au moins 350'000 personnes sont désormais menacées par la famine selon l'ONU.

Après sept mois d'un conflit qui se voulait bref, la guerre continue, écornant l'image pacificatrice du Premier ministre, et ternissant un scrutin qu'il voulait être le témoignage de sa volonté démocratique.

La Haute-Commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet s'est dite lundi "profondément perturbée" par les "sérieuses violations" des droits humains dans la région éthiopienne du Tigré, où la situation humanitaire est "terrible".

La dirigeant chilienne a dénoncé devant la plus haute instance de l'ONU en matière de droits de l'homme, les exécutions extrajudiciaires et les violences sexuelles contre les enfants, perpétrées au Tigré.

>> Lire aussi : Quelque 30'000 enfants risquent de mourir au Tigré en proie à la famine

afp/boi

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Un scrutin observé à l'international

Certains observateurs ont questionné la crédibilité du scrutin, notamment les Etats-Unis, inquiets de l'exclusion d'un si grand nombre d'électeurs et de la détention de responsables d'opposition.

Le scrutin sera aussi observé de près par les voisins et rivaux de l'Ethiopie, comme le Soudan et l'Egypte, opposés au "Grand barrage de la renaissance", titanesque projet hydroélectrique sur le Nil Bleu qui menace, selon eux, leur approvisionnement en eau.