L'un de leurs responsables, le mollah Abdul Ghani Baradar, réaffirme qu'un "authentique régime islamique est la meilleure solution et l'exigence de tous les Afghans". Il appelle aussi " la communauté internationale à laisser les Afghans décider de leur sort et de celui de leur pays".
Les pourparlers sur un éventuel partage du pouvoir, entamés en septembre dernier à Doha entre talibans et gouvernement afghan, sont actuellement au point mort.
Chef adjoint des affaires politiques, le mollah assure que les talibans "préserveront les droits de tous les citoyens de ce pays, hommes et femmes, à la lumière des préceptes de l'islam et des traditions de la société afghane".
Les craintes de nombreux Afghans
Il appelle aussi les jeunes Afghans à rester au pays plutôt que de prendre le chemin de l'exil. Une série d'assassinats ciblés attribués aux talibans a fait depuis un an des dizaines de morts parmi les jeunes instruits (journalistes, magistrats, universitaires, militants des droits de l'homme...), suscitant le départ de ceux qui le peuvent pour se mettre à l'abri. De nombreux Afghans redoutent de voir les talibans revenir au pouvoir et imposer le même régime fondamentaliste que lorsqu'ils gouvernaient le pays, entre 1996 et 2001.
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Et alors que la minorité chiite Hazara est spécifiquement visée par des attentats dans les quartiers ouest de Kaboul où elle réside, le responsable taliban affirme que "les droits des minorités et de tous les citoyens seront garantis par le système à venir: aucun souci à se faire sur ce point", promet-il. Enfin, le mollah Baradar garantit "un environnement sûr" aux "diplomates et employés des associations humanitaires" présents dans le pays.
Un retrait achevé mi-septembre
Après vingt ans de présence américaine appuyée par les forces de l'Otan depuis 2001, le président américain Joe Biden a fixé la date symbolique du 11 Septembre pour le retrait complet des troupes de son pays- déjà pratiquement terminé. Les forces de sécurité afghanes se retrouveront seules en première ligne. Pour le président afghan Ashraf Ghani, qui a désigné samedi de nouveaux ministres de la Défense et de l'Intérieur, "les talibans doivent choisir: faire la paix ou continuer de traiter le peuple afghan en ennemi".
Le président afghan Ashraf Ghani est par ailleurs invité à la Maison Blanche le 25 juin pour discuter du retrait des troupes américaines dans ce contexte de violences accrues entre les forces de Kaboul et les talibans à travers le pays.
vl/ats
Les talibans aux portes de Kunduz, capitale du nord-est afghan
L'avancée des talibans accentue leur pression sur les forces gouvernementales, contraintes d'abandonner plusieurs districts, selon des sources locales. "La situation est inquiétante dans Kunduz. Les combattants talibans sont aux portes de la ville et ils affrontent l'armée", a indiqué un membre du conseil provincial. L'armée afghane est assaillie de toutes parts, elle a récemment subi de lourdes pertes, y compris dans les rangs de ses forces d'élite.
Les talibans sont aujourd'hui présents dans presque toutes les provinces afghanes et encerclent plusieurs grandes villes, comme ils l'avaient fait dans les années 1990 pour s'emparer de la quasi-totalité du pays et installer un régime islamique autoritaire, chassé par l'intervention américaine en 2001. Le sud est déjà largement sous contrôle taliban à l'exception des grandes villes.
Selon les termes de l'accord signé avec les insurgés en février 2020 à Doha, les Américains, qui sont en train de se retirer d'Afghanistan, ne recourront à la force aérienne que si les insurgés menacent les villes principales.