Les habitants de la région la décrivent comme la route qui va de nulle part à nulle part. Financée par la Chine, cette autoroute devait prochainement relier le port de Bar, dans le sud du Monténégro, à la Serbie, au nord. Mais seule une portion de 40 kilomètres sur 130 a pour l'heure été construite, alors que le budget pharaonique d'un milliard de francs est déjà parti en fumée.
Lors d'une visite du chantier, il y a quelques semaines, le Premier ministre monténégrin Zdravko Krivokapic n'a pas pu cacher son embarras. "Je dois admettre que c'est l'autoroute la plus chère d'Europe. En Serbie, un tronçon de même longueur et de topographie similaire a coûté 16 millions d'euros par kilomètre, et nous, c'est 26 millions. Je ne comprends pas cette différence", déclare-t-il dans le 19h30.
Projet jugé peu réaliste
Jugeant le projet peu réaliste, le Fonds monétaire international (FMI) avait refusé en 2014 de financer cette autoroute censée traverser l'une des régions les plus accidentées de tous les Balkans.
Le gouvernement de l'époque s'était alors tourné vers un investisseur moins regardant: une banque chinoise. Ne s'arrêtant pas là, il a ensuite choisi une compagnie chinoise pour effectuer les travaux.
Mais aujourd'hui, force est de constater que le chantier qui a pris place au milieu des montagnes, gorges et canyons s'éternise, et son coût explose. Au point que le Monténégro ne sait pas comment rembourser son emprunt, qui représente un cinquième de la dette totale du pays.
Une clause du contrat à peine croyable
Un défaut de paiement aurait de sérieuses conséquences pour le pays. En effet, le contrat conclu avec l'Empire du Milieu stipule que dans ce cas le Monténégro devrait céder des portions de son territoire, comme le port de Bar, le plus grand port industriel des Balkans, que Pékin lorgne avec appétit.
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"Personnellement, je n'aurais pas signé ce contrat. Surtout avec ses contreparties sur le crédit dont je pense qu'elles sont dangereuses pour notre territoire", souligne le ministre de l'Investissement du Monténégro, Mladen Bojanic.
Pour sortir de ce piège, et financer le reste des travaux, l'Etat monténégrin s'est tourné vers l'Union européenne. Des tractations sont toujours en cours.
Sujet TV: Tristan Dessert
Adaptation web: Fabien Grenon