Découverte d'un fossile d'insecte communiquant avec ses ailes vieux de 310 millions d'années
Le fossile, constitué d'une aile, a été trouvé par un "amateur extrêmement éclairé", Patrick Roques, co-auteur de l'étude parue dans Nature communications biology, dans un terril de mine du Pas-de-Calais.
A cette période du Carbonifère, "on est dans l'équivalent d'une forêt dense d'aujourd'hui, presque équatoriale", un décor de fougères géantes et d'arbres gigantesques, avec un monde animal foisonnant, mais encore minuscule, explique le professeur André Nel, entomologiste au Muséum national d'Histoire naturelle MNHN) en France.
Nul dinosaure à l'horizon. Au sol, c'est le règne des petits vertébrés, avec des serpents, lézards et batraciens, mais aussi des arthropodes, comme le mille-pattes géant. Au-dessus, "les insectes dominent principalement les airs car ils sont seuls à savoir voler", raconte le chercheur. Et parmi eux, Theiatitan est un des mieux armés pour survivre.
"Signal d'alarme"
Pourtant, il a disparu il y a environ 200 millions d'années, avec les membres de son groupe, les titanoptères. Mais les modes de communication qu'il avait développés existent toujours dans le groupe apparenté des orthoptères, avec les sauterelles par exemple, mais aussi chez les lépidoptères, avec des papillons.
Quand elle prend son vol, la sauterelle fait un bruit de crépitation, avec l'ondulation d'une membrane de ses ailes. "C'est un signal d'alarme et aussi un moyen de surprendre un prédateur in extremis", explique André Nel, "Son attention est détournée par le son pendant quelques secondes et laisse éventuellement le temps à l'insecte de s'échapper".
Avec ses ailes, le grillon fait un chant de stridulation, qui "sert souvent de communication entre les sexes". D'autres insectes, dont certains papillons, "utilisent des signaux lumineux avec leurs ailes pour communiquer entre sexes ou alors pour détourner l'attention d'un prédateur", ajoute-t-il. A cette fin, ils orientent leurs ailes de façon à en réfléchir la lumière ou à en varier les motifs de couleur.
Une découverte qui remet en question 50 millions d'années
Les auteurs de l'étude, menée par le doctorant Thomas Schubnel travaillant aux côtés du professeur Nel, ne savent pas ce que Theiatitan azari communiquait avec ces mouvements. Mais ils ont établi que l'insecte pouvait aussi bien produire un crépitement avec ses ailes qu'envoyer des signaux lumineux.
La découverte de Theiatitan azari repousse de cinquante millions d'années l'époque où les premiers insectes communiquaient avec leurs ailes.
ats/ther