Les Bulgares votent pour la deuxième fois en trois mois afin de pourvoir les 240 sièges du Parlement. Arrivé en tête lors du scrutin d'avril (26,2%), Boïko Borissov, confronté en 2020 à des manifestations d'ampleur contre la corruption qui gangrène la Bulgarie, n'avait pu trouver de partenaire pour former une coalition gouvernementale.
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L'institut Gallup International crédite la formation ITN ("Un tel peuple existe") de l'animateur de télévision Stanislav "Slavi" Trifonov, 54 ans, de 23,2% des suffrages, légèrement devant la formation Gerb du dirigeant conservateur Boïko Borissov, au pouvoir depuis dix ans, avec 23% des voix. L'institut Alpha Research crédite lui ITN de 24% et Gerb de 23,5%.
Par rapport à avril, le recul est donc net pour le parti de Boïko Borissov, qui réalise son plus mauvais score depuis sa création.
Minces chances de former un gouvernement
Une question est sur toutes les lèvres: les partis réussiront-ils, cette fois, à s'entendre pour former une coalition?
Selon la majorité des observateurs politiques, les chances de Boïko Borissov de parvenir à former un gouvernement sont de nouveau très minces. "Nous allons continuer de travailler pour ce en quoi nous croyons, quel que soit le rôle que les électeurs aient décidé pour nous. Etre dans l'opposition est une façon juste et honorable de défendre ses principes", a commenté Tomislav Donchev, le numéro deux du Gerb, concédant sa faible marge de manoeuvre.
C'est d'ailleurs une ambiance de défaite qui dominait au quartier général de son parti dimanche soir.
ITN aura besoin d'appuis
ITN, de son côté, pourrait bénéficier de l'appui de deux mouvements nés de la fronde de 2020: "Bulgarie démocratique", classé à droite, et "Debout! Mafia dehors", classé à gauche. Mais pour le politologue Daniel Smilov, le parti de "Slavi" Trifonov ne disposera pas non plus du nombre de sièges nécessaires pour espérer gouverner sans le soutien des socialistes et du parti de la minorité turque (MRF), des partis traditionnels que désavoue ITN.
Des semaines de tractations s'annoncent désormais, voire de nouvelles élections. Les analystes mettent toutefois en garde contre cette possible spirale d'élections et la lassitude de l'opinion publique qui pourrait suivre. Dimanche, l'abstention a atteint un niveau record : moins de 40% des électeurs se sont déplacés, contre 50% en avril.
Agences/vic
Fin de partie pour Boïko Borissov?
Le précédent scrutin en Bulgarie avait déjà esquissé la fin d'une ère entamée en 2009 pour Boïko Borissov, ex-garde du corps qui a marqué de sa longévité l'histoire post-communiste bulgare. Fragilisé par des manifestations massives pendant l'été 2020, il n'avait pu trouver de partenaires.
Depuis, il a encore perdu du terrain, accablé par un flot de révélations du gouvernement intérimaire sur la corruption qui gangrène la Bulgarie, le pays le plus pauvre de l'Union européenne.