Largement diffusées via les réseaux sociaux, ces manifestations ont commencé de façon spontanée dans la matinée, événement rarissime dans ce pays gouverné par le Parti communiste (PCC, unique), où les seuls rassemblements autorisés sont généralement ceux du parti.
"A bas la dictature!", "Qu'ils s'en aillent!", ou encore "Patrie et vie!" (le titre d'une chanson polémique), criaient notamment plusieurs milliers de manifestants à San Antonio de los Banos, une petite ville de 50'000 habitants à une trentaine de kilomètres de La Havane. Un imposant déploiement militaire et policier était sur place dès la mi-journée.
"Liberté!", scandaient quelques centaines d'autres sur le Malecon, célèbre boulevard côtier de La Havane.
Files d'attente pour s'alimenter
D'autres manifestations ont été signalées et diffusées en direct, via Facebook ou Twitter, à travers ce pays où l'internet mobile n'est arrivé qu'à la fin de l'année 2018.
La pandémie a plongé l'île dans une grave crise économique. Chaque jour, la population cubaine doit patienter de longues heures dans les files d'attente pour s'approvisionner en nourriture et est aussi confrontée à une pénurie de médicaments, ce qui a généré un fort malaise social. Les difficultés économiques ont également poussé les autorités à couper l'électricité plusieurs heures par jour dans une grande partie du territoire.
En pleine vague de Covid-19
Ces manifestations sont survenues le jour où Cuba a enregistré un nouveau record quotidien de contaminations et de morts dues au coronavirus, avec 6923 cas recensés (pour 238'491 cas au total) et 47 morts en 24 heures (pour 1537 décès au total).
afp/oang
Le président dénonce la "mafia cubano-américaine"
En réaction à ces manifestations, le gouvernement cubain s'est dit prêt à défendre la révolution "coûte que coûte".
Pris par surprise par cette colère populaire, le président Miguel Diaz-Canel a donné aux révolutionnaires "l'ordre de combattre", les appelant à "sortir dans les rues dès maintenant et dans les prochains jours".
"La situation énergétique semble avoir échauffé certains esprits ici", a-t-il reconnu face aux journalistes, accusant les sanctions américaines d'être responsables de la crise.
"Il y a une mafia cubano-américaine qui paie très bien sur les réseaux sociaux (...) Elle a pris le prétexte de la situation de Cuba et a appelé à des manifestations dans toutes les régions du pays", a affirmé Miguel Diaz-Canel.
Inquiétudes internationales
Les relations diplomatiques entre Cuba les Etats-Unis, après une brève réconciliation entre 2014 et 2016, sont au plus bas depuis le mandat de Donald Trump, qui a renforcé l'embargo en vigueur depuis 1962.
La situation sur l'île est suivie de près à Washington et sur le continent américain. "Nous reconnaissons la demande légitime de la société cubaine d'avoir des médicaments, des aliments et des libertés fondamentales", a tweeté Luis Almagro, secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA).
"Nous condamnons le régime dictatorial cubain pour avoir appelé des civils à réprimer et à la confrontation contre ceux qui exercent leur droit à manifester", a-t-il ajouté.