En cette chaude matinée de juillet, un troupeau d'environ 80 chèvres est déployé sur un terrain des hauteurs de Glendale, près de Los Angeles. Cela fait une dizaine de jours qu'elles sont là, avec pour objectif de débarrasser les lieux de la végétation qui pourrait s'embraser à l'approche d'un éventuel incendie et le propager ainsi aux maisons environnantes.
Création de zones tampons
L'année 2020 a été la pire de l'histoire moderne de la Californie en termes d'incendies, et plus de 1,5 million d'hectares sont partis en fumée. Avec la sécheresse persistante et le changement climatique, les autorités craignent que ces sinistres de grande ampleur soient désormais la norme. Toute aide est donc la bienvenue.
"Nous avons commencé à entendre beaucoup parler des chèvres de la part d'habitants, d'autres pompiers, d'autres villes; et plus on se penchait dessus, plus on se rendait compte qu'elles pouvaient être très efficaces et respectueuses de l'environnement", explique à l'AFP Jeffrey Ragusa, capitaine des pompiers de Glendale.
Une partie du dispositif
En plus de participer à limiter la propagation du feu en dévorant la végétation facilement inflammable, les caprins créent des zones tampons entre les régions arborées et les domiciles. Ces sortes de couloirs permettront aux pompiers d'intervenir, le cas échéant, dans "un environnement plus sûr", en gardant les flammes à distance, explique Jeffrey Ragusa.
Il y a toujours un risque de blessure pour le personnel humain, mais je n'ai encore jamais vu de chèvre glisser.
Bien sûr, les bêtes ne sont qu'une partie du dispositif anti-incendies. Mais leur coup de main est appréciable, affirme le responsable. Elles allègent en effet la tâche des humains sous contrat avec les pompiers, qui doivent s'échiner par une chaleur souvent écrasante pour débroussailler des terrains parfois difficiles et escarpés pendant de longues heures, et pour qui la charge de travail est lourde avant et pendant l'intense saison des incendies.
Sans compter qu'"il y a toujours un risque de blessure pour le personnel", souligne le capitaine des pompiers. Alors que "je n'ai encore jamais vu de chèvre glisser", ajoute-t-il avec un sourire.
Sans révéler combien est facturé le labeur des chèvres, la société Sage Environmental Group (lire encadré) l'estime équivalent à ce que paieraient les autorités pour des travailleurs humains. A Glendale, le projet est pour l'instant pilote et fera l'objet d'une évaluation, dit Jeffrey Ragusa. Mais "jusqu'ici le programme se passe vraiment bien, nous sommes vraiment contents des résultats".
afp/vkiss
Société spécialisée
Les chèvres appartiennent à Sage Environmental Group, une société qui fait notamment de la réhabilitation de milieux naturels. Sa fondatrice, Alissa Cope, a commencé à intégrer les chèvres dans son travail il y a cinq ans et en utilise aujourd'hui environ 400.
Pour elle, le recours à ces animaux, connus pour leur agilité, est respectueux de l'environnement notamment parce qu'il engendre moins d'érosion que l'utilisation d'outils ou de véhicules. Mais il faut faire attention, car les chèvres sont aussi réputées pour ne rien laisser sur leur passage. Aussi "les suivons-nous de près", dit Alissa Cope.
"S'il y a une zone où nous sentons qu'elles sont en train de trop brouter – ce qui est en gros le seul inconvénient d'utiliser des chèvres – nous les faisons bouger", en les attirant ailleurs avec du foin ou en les éloignant grâce à des clôtures électrifiées, explique-t-elle.
Vague de chaleur et incendie au Canada et dan l'Ouest américain
De nouveaux records de température pourraient être battus dans l'Ouest des Etats-Unis et au Canada, avec des alertes météorologiques persistant lundi et des feux de forêt que les autorités tentent toujours de contrôler dans les deux pays.
Cette nouvelle vague de chaleur intervient moins de trois semaines après celle subie fin juin qui avait vu des records de chaleur trois jours d'affilée en Colombie-Britannique (Canada). Le nombre de décès provoqués par cette première vague n'est pas encore connu mais est évalué à plusieurs centaines.
Aux Etats-Unis, des températures suffocantes ont sévi durant le week-end sur la majeure partie de la façade Pacifique et à l'intérieur des terres jusqu'aux Rocheuses.
"Plus de 30 millions de personnes sont concernées par un bulletin d'alerte à la chaleur ou par une mise en garde", avait prévenu samedi le service météorologique national américain (NWS), avertissant d'une dangereuse vague de chaleur durant le week-end avec des pointes pouvant aller jusqu'à 52-54°C dans la Vallée de la mort en Californie.
Plus de 47°C à Las Vegas
Las Vegas, dans le désert du Nevada, a égalé samedi son record absolu à 47,2°C, atteint une première fois en 1942 et à trois reprises depuis 2005. Les prévisionnistes avaient en outre lancé un bulletin d'alerte ce week-end à Phoenix, dans le Sud du pays, ou à San Jose, centre de la Silicon Valley situé non loin de San Francisco.
Dans le Nord de la Californie, un incendie continuait de progresser dimanche soir, attisé par la chaleur et des vents croissants. Les autorités ont fait état de destructions de maisons dans plusieurs villes et demandé aux habitants de ne pas s'en approcher.
A Beckwourth, des pans entiers de forêt semblaient brûler, avec d'épais nuages de fumée surplombant les collines. Un foyer dans l'Oregon a plus que triplé entre vendredi et dimanche, dépassant les 40 hectares, selon le service des forêts.
Nombreux incendies au Canada
Au Canada voisin, le nombre de feux de forêt continuait d'augmenter en Colombie-Britannique et dépassait les 300 dimanche soir, selon les autorités.
Les services météo prévoient la poursuite lundi dans ces zones de températures jusqu'à près de 32°C, bien supérieures aux normales saisonnières.