La commission d'enquête du Parlement européen, qui a été mise sur pied après de nombreuses accusations contre Frontex, explique dans son rapport que les agents de Frontex auraient intercepté les embarcations au large de la Grèce pour livrer les réfugiés aux gardes-côtes grecs. Ces derniers les auraient alors systématiquement renvoyés au large sur des bateaux pneumatiques dépourvus de moteur.
Les gardes-côtes se seraient souvent montrés violents, allant jusqu'à tirer des coups de feu en direction des embarcations pneumatiques. Frontex aurait plusieurs fois été témoin de ce genre d'opérations, qu'elle n'a jamais dénoncées.
Documents détruits par le directeur
Les critiques pleuvent aussi sur le directeur exécutif de Frontex Fabrice Leggeri. Il aurait non seulement fermé les yeux sur les actions de ses agents, mais il serait allé jusqu'à détruire des documents compromettants.
Ces documents concernaient des expulsions menées en avril dernier et qui se seraient déroulées selon les méthodes dénoncées par le compte rendu d'enquête du Parlement européen. Fabrice Leggeri aurait donc détruit les preuves de violations des droits humains.
"Pas de preuves", estime Frontex
De son côté, l'agence a publié jeudi un communiqué de presse dans lequel elle dit se réjouir de la publication de ce document. Surtout, elle se réjouit "qu'il n'existe pas de preuves de la participation d'agents Frontex à des violations des droits humains".
Ce n'est pas la première fois que Frontex est sous le feu des critiques, et de nombreux reproches ont déjà été formulés. En février dernier, après de nombreuses accusations, le Parlement européen avait mis sur pied une commission d'enquête spécifique. Puis, en juin, la Cour des comptes européenne avait dénoncé l'incompétence de Frontex.
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Des agents "comme des cow-boys"
"Frontex n'a pas encore été reformée, car ce n'est que maintenant que le Parlement européen se réveille par rapport aux accusations de renvois illégaux, qui sont contraires au droit international", a estimé jeudi dans l'émission Forum François Gemenne, chercheur à l'Université de Liège et auteur de "On a tous un ami noir", aux éditions Fayard.
Et d'ajouter: "Jusqu'ici, Frontex a bénéficié de l'absence de politiques d'asile et d'immigration dans l'Union européenne pour gérer les choses comme il lui semblait bon, en s'affranchissant de tout contrôle politique et parlementaire. L'agence Frontex s'est souvent comportée comme des cow-boys. Il était grand temps que l'on examine de plus près les agissements de cette agence qui a vu son budget décuplé ces dernières années."
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Katja Schaer/vajo